Collectif : Autobio-graphismes : Bande dessinée et représentation de soi

dimanche 20 septembre 2015, par Gilles Alvarez

Sous la direction de Viviane Alary, Danielle Corrado, Benoit Mitaine
Autobio-graphismes : Bande dessinée et représentation de soi
L‘équinoxe, Georg Editeur, 2015, 298 p.

On se souvient que sous l’égide de plusieurs Centres de Recherche Universitaires avait eu lieu, début 2013 à Clermont-Ferrand (cf. La Faute à Rousseau n° 63), un passionnant colloque international qui réunissait des spécialistes sur la question des convergences et divergences entre écritures autobiographiques et littérature graphique. À l’étude : l’autobiographie dessinée devenue un genre en pleine extension, avec un corpus important et renouvelant souvent par sa diversité et son inventivité les règles traditionnelles du récit de soi.

Quoi d’étonnant de retrouver là, en invités d’honneur, Pierre Fresnault–Deruelle, auteur d’ouvrages liés à l’analyse des images et de la B.D. dont Hergéologie (2012), et Philippe Lejeune - Le Pacte autobiographique (1975), entre autres – ce dernier signant l’avant-propos, lui qui prévoyait en matière d’innovation pour raconter sa vie « un champ de possibilités immense » ? Les responsables de la publication, partageant cet avis, renvoient avec Autobio-graphismes à la pluralité des pratiques mises en œuvre, la richesse narrative, esthétique et thématique des créations éclairées savamment par une quinzaine de contributions d’éminents chercheurs. Ces quinze chapitres visent à explorer les productions américaines, européennes (dont ibériques), et à définir les contours de l’Autobiographie dessinée.

Face à des auteurs partis tous azimuts à la conquête du réel et de leur identité, découvrant un vaste continent narratif loin de la simple bande dessinée distractive et conventionnelle, le projet avoué de dresser « une cartographie » des diverses approches autobiographiques, et de l’évolution d’un médium en constante progression, semblait un défi ambitieux. Le pari est réussi. Tout en rappelant l’histoire de quarante ans de représentation graphique du moi, depuis les pionniers issus de l’underground des années 70 (Green, Crumb, et les « totémiques » Maus et Spiegelman…) jusqu’aux créateurs contemporains avec des perspectives nouvelles, des inventions formelles complexes, des intentions éditoriales légitimant leur statut d’auteurs, c’est le renouveau formel du 9ème Art et les enjeux de l’autoportrait en BD qu’interrogent les textes réunis ici. On y retrouve les créateurs les plus représentatifs et talentueux d’une bande dessinée qui se fait une place de plus en plus majeure dans l’univers de l’édition.