Adolphe Nysenholc : Bubelè, l’enfant à l’ombre

lundi 22 octobre 2007, par Philippe Lejeune

L’Harmattan, 2007

C’est un livre bouleversant : l’histoire d’un enfant juif, né en 1938, « caché » pendant la guerre en Belgique. C’est surtout un texte impressionnant : une reconstruction de l’intérieur, dans une langue elliptique et forte, des vertiges, errances, sauvetages d’une identité perdue.

L’adulte qui écrit ce livre a su se dépouiller de tout, se mettre à l’écoute, et prêter à la naïveté d’un enfant égaré, déchiré, désorienté l’acuité d’expression, l’ironie triste qui nous permettent de le rejoindre. « Roman », est-il écrit sur la couverture. Pourtant l’auteur y porte son nom et l’on ne croit guère à une fiction. « Les fils de tous mes moi étaient noués de manière inextricable. Chacun, dans mon entourage, m’avait manipulé, tiré à hue et à dia, et je ne m’y retrouvais plus ».

À la Libération, un oncle revenu d’Auschwitz l’arrache à ses sauveurs, et le voilà trimballé dans toutes les directions, mis en orphelinat où il retrouve un frère aîné, sur le point d’être embarqué pour Israël, kidnappé in extremis par ses sauveurs, remis en pension où il est, presque malgré lui, circoncis (il ne l’avait pas été à la naissance), sur le point d’être embarqué par son oncle pour l’Amérique, mais il choisira de rester. Un point de repère, dans ce chaos : la découverte fascinée du cinéma, et l’identification au Gosse de Charlie Chaplin.

Un autre point de repère, qui clôt ce beau livre : le souvenir retrouvé du mot tendre par lequel l’appelait la mère perdue : Bubelè.

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