Catherine Laurent : La possibilité d’un enfant

jeudi 25 avril 2024, par Martine Lévy

Éditions Hors d’atteinte, 2024

La possibilité d’un enfant prend la forme d’une longue lettre que la narratrice adresse à son petit-fils. Elle y raconte ne pas être une grand-mère « normale » selon les critères de la société, l’homosexualité dans les années 80, le sida qui fait rage et comment son projet parental a pris forme à cette époque.

Camille décrit la découverte de son homosexualité comme une évidence, la rencontre amoureuse avec une femme, Julie, en 1982, et leur désir commun d’avoir un enfant. Trente ans avant la loi autorisant le mariage pour tous, la réalisation d’un tel projet nécessite une grande quantité de rêve, de hasard, d’amour et de détermination.

Elles le réalisent avec un couple d’amis, Gabriel et Antoine, qui souhaitent avoir un rôle de parents dans l’éducation de l’enfant. Julie et Antoine. Julie portera l’enfant. Camille : « J’étais une femme qui attendait un enfant sans le porter et c’était absurde et c’était faux et c’était vrai ».
Chaque couple doit trouver sa place dans cette nouvelle constellation familiale. À cette complexité s’ajoutent les liens familiaux troublés et la difficulté de dépasser la culpabilité et la honte nourrie par l’éducation religieuse ; le désarroi de la mère de Camille « Je ne t’ai pas faite comme ça ! », et du père « J’ai confiance dans l’aide de Dieu, et en toi pour résister à la tentation […] Un jour tu te marieras et tu auras des enfants ». Ils ne verront jamais cette enfant.

Ce livre, témoignage s’étalant sur deux générations, offre un point de vue inédit. Un roman basé sur une histoire vraie, un récit doux et tendre, malgré l’autocensure qui menace. On y ressent l’amour infini de Julie et Camille pour Elsa, leur fille qui a pu trouver sa place, un amour qui se multiplie à la naissance de son propre fils, à qui est destiné ce livre.

Je peux dire que ce témoignage est important, rare et finalement heureux.