Charles Juliet : Lambeaux

jeudi 16 octobre 2008, par Marie Hélène Roques

Spectacle joué par Les Cyranoïaques, au Théâtre du Pavé, 34 rue Maran, 31 400 Toulouse, du 14 au 25 octobre 2008

Quand Le Pavé accueille Charles Juliet, l’amoureux des mots est inquiet : ce texte où l’auteur s’adresse à sa mère disparue dans le silence des familles et des cachots psychiatriques, ce texte à la deuxième personne qui l’appelle et l’interpelle, ce récit autobiographique, quel traitement lui sera réservé par les Cyranoïaques ?

Le dispositif à deux voix mime la partition, voix de la mère, voix de l’adolescent, la première recomposant un parcours sur des lambeaux de mémoire, la seconde restituant un itinéraire mieux balisé. Patrick Abéjean impose d’emblée l’univers de l’auteur, le jeu est sobre, comme le décor – bandes de papier déroulées, enroulées au rythme des images, des émotions. Elles sont un rappel du rôle salvateur de l’écriture pour panser les griffures, dialoguer avec les morts, échapper, échapper au silence.

Ces belles intentions de mise en scène tendent à se disperser dans la seconde partie, décor à l’abandon, phrasé précipité de José-Antonio Pereira ; dans son enthousiasme, il se livre tout entier, compose un jeune homme plus révolté que blessé, moins nocturne que solaire, débordé par la vie. Sans doute en se rôdant, cette mise en scène trouvera-t-elle son plein effet.

En attendant, elle donne à voir et à entendre sans le trahir l’un des plus beaux textes autobiographiques de la langue française.