Charles Juliet : Le Déclic

Jacques Brémond, éditeur et artisan du beau livre à petit tirage, défenseur d’une littérature telle qu’elle existe de moins en moins, avait édité en 1993 cette nouvelle de Charles Juliet, écrivain français né dans l’Ain en 1934. Elle fait maintenant l’objet d’une nouvelle édition en mars 2019 dans la collection "La petite guêpine", fondée en 2012 par Jean-Louis Pierre, ce spécialiste de l’œuvre de Charles Ferdinand Ramuz en France.

Charles Juliet, Grand Prix de l’Académie française en 2017 pour l’ensemble de son œuvre, n’est pas un inconnu pour l’APA. La faute à Rousseau a déjà présenté, sous la plume de Stéphane Roche en particulier, des aspects de son œuvre. (Voir le n° 26 de 2001 et le n° 39 de 2005). En 2010, lors d’un entretien autour de la parution du cinquième volume de son autobiographie, Charles Juliet tentait d’expliquer à Jean-Paul Hirsch comment et pourquoi sa quête intérieure n’est jamais "nombriliste" :

"J’ai commencé à écrire par désir d’échapper à tout ce qui pouvait m’enfermer. C’était la volonté de faire tomber les murs à l’intérieur desquels j’étais prisonnier. La grande aventure, c’était de détrôner l’ego, puis de vivre cette mutation. Bien sûr, tout le travail de destruction préalable est forcément douloureux. Il y a toutes sortes de remises en cause. Il faut se couper de tout un tas d’attachements pour naître à soi-même. Il faut arriver à une grande liberté intérieure, n’être plus conditionné par tout le passé. Ce travail extrêmement exigeant n’est pas à la portée de tous. Beaucoup d’êtres sont à la recherche de cette liberté intérieure, de cette clarté, de cette simplicité intérieure, mais il n’y a rien, dans notre société, pour les aider, dans leur entourage non plus. Ces personnes restent alors à mi-chemin."

Charles Juliet, après une enfance très difficilement vécue, a eu le privilège d’accomplir ce travail par l’écriture. Une écriture ouverte vers les autres, et pas uniquement autobiographique. Dans Le Déclic, cet éloge de la fuite que va accomplir son personnage principal - un avocat dans la quarantaine, bien situé et considéré - est déclenché après un entretien avec un ami et ancien prisonnier, nommé Jean. Nous n’en dirons pas plus, afin de ne point dévoiler le contenu et l’accomplissement de cette nouvelle… alors que tout va pouvoir enfin commencer.

L’ouvrage est disponible chez l’éditeur La guêpine