Ciao Italia ! Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France (1860-1960)

mardi 18 avril 2017, par Véronique Leroux-Hugon

Une exposition au Palais de la Porte Dorée, du 28 mars au 10 septembre 2017

Aujourd’hui, dans les couloirs du métro, le jeune Yves Montand, accompagné de deux complices dont une divette s’élance en chantant sur l’affiche de l’exposition Ciao Italia ! Tout un symbole, comme cette ronde de vespas qui ouvre la première salle de la rétrospective sur « Un siècle d’immigration et de culture italiennes » après la précédente évocation des Polonais en France, présentées au Musée National de l’Histoire de l’Immigration. Ici des objets, des photos, des affiches rappellent l’abondance des marques italiennes, qui nous sont familières, de la polenta chère à Rita Secco aux fameuses pâtes Panzani, jusqu’aux prestigieuses Bugatti. Des extraits de films, un fond sonore de chansons accompagnent un parcours savamment établi qui atteste de l’importance économique, sociale et artistique de cette immigration qui a débuté dans la seconde moitié du XIXe siècle, en suivant classiquement les premières arrivées jusqu’à une intégration si profonde qu’on en a souvent oublié les débuts.

Des débuts difficiles pourtant, pour ces gens qui traversent les Alpes démunis, riches de leurs seuls bras et en butte à la xénophobie et au racisme contre les « Macaroni ». Le « Ciao ! » du titre est sans doute trop optimiste vers 1860. Liée aux problèmes économiques et aux menaces politiques (notamment le fascisme) l’émigration se poursuit dans la première moitié du XXe siècle.

Provenant de régions bien précises (nord de la Péninsule, puis cités méridionales) ils se regroupent dans de « petites Italies » qui recréent autour de l’église et des loisirs la sociabilité traditionnelle. Des premiers « figurinai » (mouleurs de statuettes) aux gros entrepreneurs, ils travaillent aussi dans le bâtiment où l’endurance du « maçon italien » est appréciée, dans la mine ou dans la restauration. Les femmes, les enfants ont aussi dû travailler dans des conditions difficiles.

Les expressions artistiques variées, les évocations d’itinéraires, de lieux et de récits d’existences quotidiennes entre France et Italie ponctuent la progression de cette migration d’abord mal accueillie puis devenue invisible. Là encore la présentation d’objets significatifs, d’œuvres d’art (des tableaux) ou ce gentil Pinocchio qui se balance, symbolisent la présence italienne, sans oublier la souffrance due au rejet, à la dureté du travail et des conditions quotidiennes, qu’illustrent des articles de presse, des registres d’usine, des images de grèves aussi. Du cirque au cinéma, nous sommes familiers des noms de Zavatta, clown célèbre aux grands metteurs en scène, pour ne citer que le seul Fellini dont la Dolce Vita marque la fin du parcours. Serge Reggiani, Ivo Livi ont chanté l’italianité, Lino Ventura, bien d’autres acteurs et actrices ont joué dans des films culte. Insensiblement s’affirme la convergence des modes de vie à la fin du XXe siècle : de la pizza au cinéma, sommes-nous tous italiens ?

En savoir plus à partir du site spécifique consacré à l’exposition qui donne accès à de nombreux dossiers complémentaires ainsi qu’à des conférences en podcast.