Daniel Mendelsohn : L’étreinte fugitive

samedi 21 février 2009, par Édith Bernheim

Flammarion, 2009

Écrit il y a 10 ans mais traduit et publié en France très récemment, ce livre ne fait plus scandale. Mais il est bien autre chose qu’une promenade (pleine de charme) dans le quartier réservé de New York, les bars pour gays et la recherche de « garçons ». L’auteur nous raconte son intéressante vie sociale et familiale. C’est avec émotion qu’il va lire le Cantique des Cantique au mariage d’un ancien compagnon. Il accepte « d’incarner la figure paternelle » pour l’enfant d’une amie célibataire, c’est lui qui coupe le cordon ombilical et par la suite, se prend si fort au jeu que le petit Nicholas aura un père attentif, aimant et très présent. Comme Ion dans la pièce d’Euripide. Car ce professeur de grec fait constamment référence à des récits de l’Antiquité.

La famille a une grande importance : la mère institutrice, le père mathématicien et surtout le grand- père maternel, vieux dandy « aux multiples épouses », personnage essentiel tout au long de la vie de Daniel. Comme elles sont vivantes les réunions du grand-père avec ses frères et sœurs ! Ces américains établis, juifs, originaires d’Europe Centrale, abandonnent vite l’anglais dans le feu de la conversation et se mettent à parler russe, allemand, hébreux, yiddish, sans difficultés apparentes, tous se comprennent ; le polonais ne sert qu’à s’adresser à la bonne. On parle du passé, on évoque avec émotion ceux qui ne sont plus, en particulier Ray, cette jeune fille si belle, venue de loin au début du XXe siècle, pour épouser un cousin très laid, et qui est morte 15 jours avant son mariage. La fiction, peu à peu, se mêle à la mémoire. Ce petit livre délicat est le prélude qui nous prépare à accueillir, à aimer les personnages de l’important livre suivant : Les Disparus.