Écrire sa vie, un spectacle

lundi 2 octobre 2023, par Élizabeth Legros Chapuis

Pauline Bayle, qui a pris au début de 2022 la direction du Théâtre Public de Montreuil, y présente aujourd’hui (et jusqu’au 21 octobre) Écrire sa vie, spectacle basé sur l’œuvre de Virginia Woolf. Ce spectacle avait été créé en juin 2023 à la Comédie de Béthune ; il sera ensuite en tournée jusqu’à mars 2024. J’ai assisté à la représentation de samedi 30 septembre.

« Le texte du spectacle a été imaginé à partir de différentes œuvres de Virginia Woolf, parmi lesquelles Les Vagues, roman qui a offert le point de départ du travail et dont la structure est conservée dans le sens où nous suivons un groupe d’ami·es qui traverse le temps et les épreuves cahin-caha et se confronte ensemble à l’inexorabilité de la condition humaine. », indique le flyer de présentation. D’autres œuvres ont également été mises à contribution, dont le Journal et certaines nouvelles. J’aime beaucoup les livres de Virginia Woolf, mais je ne les connais pas assez bien pour « tracer » l’origine des passages empruntés ici ou là… j’ai juste reconnu La Mort de la phalène.

J’ai eu du mal, je l’avoue, à entrer dans le dispositif présenté, qui au début me semblait partir dans tous les sens, avec des parties chantées (variation sur Hey Jude des Beatles) et même dansées. Et puis le miracle du théâtre s’est produit et les choses ont commencé à s’imbriquer ensemble et à faire sens. Nous avons donc un groupe de six amis, quatre filles (Judith, Nora, Céleste, George) et deux garçons (David et Tristan). (NB : Les noms ne sont pas ceux des amis dans Les Vagues). Ils se retrouvent pour faire la fête : ils attendent le retour d’un autre ami, Jacob, parti à la guerre. Quelle guerre ? Peu importe, il y a toujours une guerre quelque part. Dans la première partie, les six copains échangent des propos variés en attendant Jacob comme un autre Godot. Il existe entre eux toute une gamme de sentiments, variables et changeants, affection, jalousie, admiration, envie… Mais la nouvelle va tomber, inexorable : Jacob est mort, et les amis vont devoir se débrouiller avec son absence et tenter de se construire une vie. Car ce sont juste de jeunes adultes, encore au seuil de leur existence. Une vie où les histoires que l’on raconte (comme le fait George, qui est à elle seule une sorte de chœur antique) tiennent leur place, et pourtant « à quoi ça sert de raconter des histoires puisqu’on va tous mourir ? » Peut-être est-ce justement pour cela qu’on a besoin d’écrire des histoires et ce sera la conclusion : le temps d’écrire est venu.

Une scénographie imaginative (où le public est souvent invité à participer), des acteurs à la fois puissants et subtils, un texte (plein de métaphores inattendues et pourtant limpides) en résonance avec notre monde d’aujourd’hui, composent un spectacle passionnant.

Liens
Théâtre Public de Montreuil
Comédie de Béthune
Interview de P. Bayle