Étienne Davodeau : Le droit du sol – Journal d’un vertige

jeudi 25 août 2022, par Pierre Kobel

Futuropolis, 2021

En juin 2019, Étienne Davodeau, entreprend une marche de 800 kilomètres entre la grotte de Pech Merle dans le Lot et le village de Bure dans la Haute-Marne où les autorités veulent enfouir dans le sous-sol, les déchets nucléaires. Il raconte ce périple dans un album, Le droit du sol, sous-titré Journal d’un vertige.

Cette marche entre ce que l’humanité préhistorique a su faire de magnifique dans un lieu retiré et obscur et ce que celle d’aujourd’hui s’apprête à imposer aux générations à venir en jouant abusivement de son pouvoir, c’est l’occasion pour Davodeau de s’interroger, et nous avec lui, sur notre rapport à la terre, sur l’obligation de la protéger, sur des problématiques politiques contemporaines et leurs conséquences, sur notre responsabilité individuelle et collective, sur la nécessité de l’engagement.

Mais si militante qu’est cette BD, elle l’est intelligemment, car elle est très documentée et l’auteur convoque au fil des pages divers interlocuteurs spécialistes qui éclairent en des termes accessibles notre lanterne citoyenne. Pratiquant assidu de la marche, Davodeau s’interroge et nous interroge sur la trace que les hommes que nous sommes inscrivons et laisserons dans le sol. Au fil des chemins du Périgord au Massif central, du Morvan jusqu’à l’Est, il s’entretient avec un guide de Pech Merle à l’activisme écologiste, un ingénieur agronome, une conservatrice au Musée du Louvre, spécialiste de l’histoire du papier, un physicien spécialiste du nucléaire, une sémiologue, des habitants de Bure.

Témoignage, récit journalistique, ce journal de voyage est ouvertement un livre engagé qui prône une réflexion sur notre temps et notre espace et prend le parti d’alerter sur notre avenir et les dangers à long terme de décisions politiques prises le plus souvent à courte vue. Davodeau l’écrit, il s’agit de protéger la « peau du monde ». Cette bande dessinée de reportage laisse la part belle au rythme lent de la marche, aux aléas du quotidien matériel et physique. C’est un livre qui s’inscrit dans une démarche que l’auteur a déjà entreprise dans ses précédents albums, un album qui sous les dehors d’un récit personnel autant que ceux des données techniques et scientifiques qu’il vulgarise à bon escient, donne à réfléchir à notre rapport personnel à notre planète. Un livre écrit pas à pas au fil des découvertes et du savoir, de la volonté de léguer quelque chose de positif aux générations futures.

Voir sur Youtube : Étienne Davodeau : « Comment dessiner “Le Droit du sol” » ?
et son Site personnel