Gaby Etchebarne : Je marche à leurs côtés. Itinéraires de luttes du Pays basque à la Palestine

mercredi 16 janvier 2008, par Roseline Combroux

Les passés simples, 31450, Pompertuzat, 2002

Sa vie est celle d’une femme engagée, de ces vies riches de combats et de solidarités qui forcent l’admiration. Elle naît en 1932 après le décès à la naissance de son frère Gabriel dont on lui donne le prénom. Elle est l’aînée de 5 enfants. La famille habite au Pays basque. La mère est institutrice, le père, d’abord berger, apprendra la maçonnerie et aura son entreprise. Dès l’âge de 17 ans naît son désir de partir en mission : comme elle ne connaît pas d’organisations laïques, elle rejoint les Sœurs des Missions Étrangères. Elle devra attendre 1961 pour enfin partir en Argentine. Débute un long parcours qui la conduira auprès des enfants trisomiques de Moron, des indiens Mapuches, des réfugiés montagnards au Laos. La situation politique des pays qu’elle traverse étaye le récit de son action.

En 1975, un débat houleux se noue au sein du couvent avec les sœurs déléguées de tous les coins du monde sur la pertinence de leur présence à l’étranger : « Le missionnaire est taxé de colonialisme, bien souvent avec raison… La deuxième ambiguïté, la plus grave, c’est d’être les agents d’une aide matérielle qui symbolise la dépendance économique du Tiers Monde ». Au terme des débats, elles sont plusieurs à quitter l’institution religieuse. « Se retrouver chômeuse à quarante-trois ans, quelque peu décalée au regard de la mentalité de son propre pays après treize ans d’absence, ce n’est pas évident. Heureusement, à Toulouse, les copines qui ont fait le même choix sont là : Claire, Sabine, Juliette et les autres ».

Elle trouve du travail dans une agence d’assurances, puis sera réceptionniste dans un hôtel. Elle sera de toutes les grèves, militera auprès de la CFDT, vivra de grandes joies, essuiera des déceptions sans se décourager. Elle s’engage à « Agir contre le chômage ». Avec d’autres, elle forme le collectif « Théâtre contre le racisme et l’exclusion ». Elle est allée en Palestine.

Aujourd’hui, l’inépuisable Gaby vit toujours à Toulouse et suit son chemin avec d’autres. « Chaque choix, chaque étape de ma vie m’ont enrichie, transformée, permis de continuer sur le même fil conducteur : recherche d’une libération et d’une dignité, pour moi bien sûr, mais aussi avec les autres…. À soixante-dix ans grâce à l’écriture, j’ai vu défiler le film de mon passé, ce que j’ai réussi et ce que j’ai raté. Je me sens la même et pourtant différente. Comme tout un chacun, l’histoire des autres m’a façonnée. »