Gustave Flaubert : Correspondance, tome V

jeudi 6 novembre 2008, par Sylvette Dupuy

Pléiade, 2008

Hénaurme, comme aurait écrit l’écrivain ! Me revoilà avec ce tome V, droguée à la correspondance de Flaubert...

Je ne le lâche plus, je ne fais plus rien d’autre, je le suis de jour en jour, bougonnant contre les bourgeois (alors qu’il en est un vrai de la fin du XIXe !), les honneurs, suant sang et eau sur ses deux bonshommes (Bouvard et Pécuchet, œuvre qu’il laissera inachevée), drôle dans ses formules, si moderne dans son langage, si pathétique avec ses ennuis d’argent (se dépouillant pour ce coquin de Commanville), si tendre avec sa nièce Caroline (dont j’ai bien envie maintenant de lire les Souvenirs), si pétri de contradictions (entre l’ermitage de Croisset et la vie parisienne), si fidèle en amitié (briguant des postes pour les uns et les autres. Et Tourgueniev et Zola et Maupassant, qui arrivent aussi dans ma chambre à coucher ! (j’aime lire au lit). Jusqu’à cette incroyable Marie-Sophie de Chantepie qui me manquait et qui repointe le bout de sa plume.

Eh bien oui, cette correspondance est si vivante (et annotée de main de maître par Jean Bruneau, qui y a travaillé trente ans durant) que je vis en ce moment entre la Normandie, le salon de la Princesse Mathilde, le Faubourg Saint-Honoré ; quant à Gustave, j’ai envie d’être sa confidente, de le secouer (manière George Sand), de le conseiller face à ses détracteurs, de lui concocter des petits plats diététiques afin que lui le gros buveur, bouffeur, fumeur ne meure pas à la fin de l’ouvrage, que l’enchantement ne prenne pas fin,que je puisse encore me régaler, à regarder par le trou de la serrure la vie littéraire de cette fin de siècle. Une correspondance extraordinaire, en vérité.