Henry Bauchau : Le présent d’incertitude Journal 2002-2005

mardi 3 juillet 2007, par Brigitte Fauquet

Actes sud, 2007

Pour ceux qui ont envie de s’arrêter dans leur lecture, qui n’ont pas envie d’aller vite, qui veulent prendre leur temps… tant la lecture de ce journal est dense, le fruit de la réflexion de toute une vie.

Le très vieil homme qu’est Henry Bauchau, psychanalyste, dramaturge, romancier, continue de vivre, malgré les affres du grand âge, à travers son travail d’écrivain. Il nous livre ses doutes et ses joies de réussite dans l’écriture de son dernier roman L’enfant bleu. Et, dit­­-il, « le travail importe plus que l’œuvre achevée ». C’est cette extrême humilité qui touche chez l’écrivain d’Antigone et d’Œdipe sur la route qui a fait largement ses preuves. Ce qui retient chez lui, aussi, c’est cette grande vigilance qu’il exerce vis-à-vis de ses amis, ses proches, la nature, les arbres en particulier qui lui inspirent de très beaux poèmes dépouillés et avant tout vis-à-vis de lui-même. Il note ses rêves, s’en amuse avec humour, sait s’en accommoder…

Bauchau n’est pas croyant, il se situe sans doute très loin de l’église "institution", mais sa vie est empreinte « d’âme ». Je préfère ce mot à celui de spiritualité galvaudé et qui recouvre des réalités très diverses. Cet homme, oui, a une âme. Cela mérite d’être souligné, même si cela peut paraître à certains une évidence. Et il s’inquiète du peu de souci que nos contemporains ont de leur vie intérieure, à ne pas confondre avec l’attention omniprésente portée à notre ego…

La lecture de Bauchau est exigeante mais il en ressort une impression de sérénité malgré le titre du journal Le présent d’incertitude. Celui-ci dit bien le parcours d’un homme traversé par des fulgurances mais qui reste en recherche sur le plan de la création artistique et sur le plan de la création du moi, car pour lui, les deux sont profondément liés.