Hubert Nyssen : A l’ombre de mes propos

Journal de l’année 2009

jeudi 22 avril 2021, par André Durussel

Leméac /Actes Sud, 2010

Relire Hubert Nyssen (1925-2011)
Il y aura dix années, le 12 novembre 2021, que décédait le romancier et éditeur Hubert Nyssen, à l’âge de 86 ans. Tout en traversant l’histoire tourmentée de la Belgique des années trente aux années soixante, son premier et foisonnant roman, ayant pour titre Le nom de l’arbre , révélait le pouvoir des mots et de la fiction dans la remémoration. A travers un jeu de miroirs, où le moi s’éparpille et se reconstruit sans fin, Hubert Nyssen mettait déjà en place les éléments constitutifs de toute son œuvre : cette ample quête du passé, et surtout cette fête de l’imaginaire qui sans cesse célèbre la multitude de poupées gigognes que chacun porte en soi.

Hubert Nyssen, dans son dernier et ultime Journal , celui de l’année 2009, revient, en date du 21 février, sur ce premier roman :
"De certains romans que j’avais écrits, Le nom de l’arbre par exemple, l’on me demandait souvent, avec l’air d’en être déjà convaincu, si c’était autobiographique. Si je disais non, on ne me croyait pas ; si je disais oui, je mentais. En vérité, je me posais la question à rebours. Telle part de ma vie, telle étreinte ou telle disparition, ne m’étais-je pas persuadé de leur réalité pour le seul motif que je les avais écrits ?

Autrement formulé, la fiction devient ainsi réalité pour celle ou celui qui écrit. Cette vaste thématique, si magistralement développée par les travaux de Paul Ricoeur (1913-2005) s’inscrit en effet dans les activités des membres de l’APA. Relire aujourd’hui les Carnets d’Hubert Nyssen est fort enrichissant.