Jean-Louis Le Tacon : Voici et Voilà

lundi 1er juin 2015, par Élisabeth Cépède

Jean-Louis Le Tacon, dont nous avions fait la connaissance à la table ronde de 2013, sur le cinéma autobiographique, nous donne de ses nouvelles. Il adresse à l’APA deux nouvelles versions de ses films. Sans doute a-t-il remanié les deux courts métrages, pour faire avec les deux épisodes un seul film de durée plus commerciale.
La spectatrice qui se souvient bien des premières versions de Voici et Voilà a eu un peu de mal à s’adapter aux raccourcis qu’entraîne ce remaniement. Le coq Julio ne fait plus qu’une brève apparition !

Mais finalement la concentration sur les chèvres, symboles de liberté dans certaines cultures, et sur l’épouse danseuse, est bienvenue. Elle donne à cette tranche de vie campagnarde une tonalité franchement farfelue.

Jean-Louis Le Tacon reste pourtant dans le documentaire en rappelant les travaux des champs et en situant géographiquement la scène en Corrèze. Mais toutes les activités de cette famille industrieuse semblent ludiques et en accord avec leur personnalité d’artiste originale. On a peine à croire que la scie ait pu infliger au bricoleur une blessure nécessitant cinq points de suture. Dans une espèce de paradis estival, on prend le temps d’admirer les fleurs colorées de la prairie, les bagarres entre les chèvres gourmandes de fil électrique autant que de foin. L’épouse et son homme les protège. Avez-vous déjà vu une chèvre rire de toutes ses dents ? Jean-Louis Le Tacon a capté son radieux sourire !

Quant à l’épouse, aux cheveux roux, elle leur réserve ses nouvelles chorégraphies ainsi que ses toilettes raffinées, qu’elle a elle-même brodées. Et cerise sur le gâteau, elle pose en maillots de bain affriolants.

L’hiver apporte d’autres joies, fabriquer des saucisses, aller danser.

Pourtant la vie n’est pas toujours rose. Si telle maison est à vendre c’est que son propriétaire s’est suicidé. Une femme vient de se jeter dans la Gartempe. Le couple semble lui, bien enraciné dans ce coin de France. Tous deux vivent un retour à la terre, aux temps anciens. La rousse épouse teint elle-même ses vêtements, en bleu indigo, celui des Touaregs ? Et l’ouvrage achevé improvise une nouvelle danse pour ses chèvres impassibles et l’homme à la caméra. Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !