Jérôme Garcin : Théâtre intime

mardi 15 janvier 2008, par Josette Bussière

Gallimard, 2003

Jérôme Garcin n’est pas seulement, semble-t-il, l’animateur du Masque et la Plume , l’éditorialiste du Nouvel Observateur et l’écrivain qui a mis sa plume au diapason du cheval. Il a choisi dans Théâtre Intime de se livrer à une sorte de biographie familiale. C’est avant tout une ode, un émouvant et profond chant d’amour, une dédicace empreinte de générosité et d’exclusive, d’adoration et d’abnégation à l’être qui est la compagne de sa vie.

Cette femme, il l’a rencontre un peu par hasard. À 18 ans, il va avoir la chance de connaître une relation de complicité et d’échanges intellectuels avec une femme de 60 ans dont il admire les écrits, et en particulier Le temps d’un soupir. Et cette femme est Anne Philipe, qui fut la compagne du Dieu, disparu en novembre 1959, de Gérard Philipe, l’incarnation du Cid ou de Lorenzaccio. Les récits de leurs rencontres font l’objet de rappels et de témoignages de moments forts du théâtre ou du cinéma.

Pour ce qui me concerne, j’y ai découvert le lien d’intimité qui a existé entre Gérard Philipe et l’auteur de textes sous forme de fragments Papiers Collés, Georges Perros. Perros est un auteur emblématique cité dans les ateliers d’écriture. Et Garcin nous raconte cette immense amitié, un peu comme s’il en avait été témoin. Certains détails qu’il relate sont très beaux. Un des enfants de Georges Perros a permis de retrouver la correspondance échangée par les deux hommes.

Alors qu’il a environ 21 ans, Garcin va croiser, alors qu’elle rend une visite éclair à sa mère, Anne-Marie, la fille d’Anne et Gérard Philipe. Là encore Garcin nous apporte de beaux moments d’écriture en peignant par touches légères ce qu’a pu être la croissance d’une petite fille privée dès quatre ans d’un père mythique et enveloppée de son ombre.

Le personnage principal ou narrateur va ensuite s’effacer pour devenir l’ombre adoratrice de la jeune et belle interprète de théâtre. Un théâtre qui puise dans le répertoire de Claudel L’Annonce faite à Marie ou bien Anouilh L’Alouette et se produit dans des tournées un peu confidentielles et dans des salles modestes de villes du Nord.

Une surprise attend le lecteur dans un changement de décor radical. Ou plutôt, non ! Un lien, une autre scène ! Un manège, oui, où se crée une communion exceptionnelle entre l’être humain et le cheval.