Journée d’études autour de l’écrivain public

mercredi 29 mai 2019, par Élizabeth Legros Chapuis

L’écrivain public, un écrivain à part entière

L’écrivain public, un écrivain comme un autre ? C’est la question posée par l’Académie des Écrivains Publics de France (AEPF) comme thème de la journée d’étude qu’elle a organisée le 24 mai 2019 à Montreuil. Cette journée riche et animée se divisait en quatre séquences : la correction d’œuvres littéraires, les ateliers d’écriture, la biographie et le discours.

Les écrivains publics constituent « un maillon actif de la chaîne du livre et contribuent à la production de vrais livres », a rappelé en introduction le président de l’AEPF Pascal Martineau. Travaillant dans une démarche foncièrement altruiste, ils sont « des révélateurs et des libérateurs » de la parole des autres.

La correction d’œuvres littéraires est l’une des prestations qu’ils proposent, a indiqué Sandrine Chevillon (AEPF). Il peut y avoir divers niveaux de correction sur un texte : pour le rendre conforme aux règles d’orthographe et de typographie, mais aussi pour en améliorer le langage et le style, afin d’accroître sa littérarité. Le correcteur devient ainsi un acteur déterminant de l’avenir du texte. À l’appui de ce rôle, les témoignages de Bernard Stéphan, responsable des éditions de l’Atelier, qui publient une trentaine d’ouvrages par an en histoire et en sociologie, et de Jocelyne Faivret, auteur d’un texte autobiographique qu’elle a fait corriger par un écrivain public avant de le publier en auto-édition.

Les ateliers d’écriture se sont répandus récemment en France, mais sont l’objet aujourd’hui d’un véritable engouement, a exposé ensuite Marie Huguenin-Dezot (AEPF). Dans ce cadre, les écrivains publics, en tant que professionnels du langage, peuvent utilement accompagner les aspirants à l’écriture : Élise Vandel, à Toulouse, propose des ateliers à cycle thématique s’étendant sur dix mois. Valérie Ouerdane, coach en communication orale, a témoigné de son expérience positive de participation à un atelier pour lever un blocage à l’expression écrite. Pour Cécile Gravellier, auteur d’un récit personnel sur le deuil, l’atelier a permis de poser à la fois la légitimité de l’écriture et une distance facilitant la création.

Adrien Viallet-Barthélemy, professeur de littérature, a ensuite retracé un panorama de la biographie en tant que genre littéraire. Consacrée dans le passé à des figures emblématiques (saints, rois…) elle se concentre aujourd’hui sur des individus – connus ou inconnus. Sylvie Monteillet (AEPF) a évoqué les procédés stylistiques utilisés, touchant le fond autant que la forme : simple récit ou inséré dans un contexte historique, choix de la 3e ou 1e personne, choix des événements racontés ou passés sous silence. L’écrivain public qui tient la plume pour le compte d’un tiers devient ainsi le « traducteur d’une vie ». Un débat animé a suivi, portant notamment sur les rapports entre réalité et fiction et sur la notion de vérité en biographie. Celle-ci n’est pas unique : à propos des « biographés », Pascal Martineau estime que « c’est leur histoire au moment où ils la racontent, c’est leur vérité, avec ses oublis et ses non-dits. »

Enfin, certains écrivains publics prennent en charge l’écriture de discours pour diverses occasions : commémorations, anniversaires, mariages… et oraisons funèbres. Carla Pinto (AEPF) a présenté cette activité spécifique, Caroline Faure (écrivain public) et Helena Pelaez (psychologue) ont parlé de leur collaboration pour la présentation d’un séminaire sur les affects et émotions. Les éléments essentiels pour la rédaction d’un bon discours, résume Caroline Faure, sont la clarté, la concision et le rappel du fil directeur du message : « que voulez-vous que les auditeurs en retiennent ? »

Les actes de cette journée seront prochainement publiés sur le site de l’AEPF.