Laure Canezin : Il suffisait de ne pas avoir peur. Histoire de vie d’une syndicaliste

samedi 19 juillet 2014, par Dominique Charrier

Éditions SNNOT (L’Institut tarnais-CGT d’Histoire sociale), 2014

C’est l’engagement militant de Marcelle Gros que l’on découvre au travers d’une longue enquête réalisée en 2004 par Laure, étudiante au Mirail. Dans un premier temps, Laure expose très précisément le contexte de ce projet, ses différentes sources, sa posture et sa méthode de travail basé sur l’aspect historique. Elle prend le parti d’insérer de nombreuses retranscriptions quasiment littérales des propos de Marcelle et de quelques intervenants dans son texte.

L’ouvrage associe le parcours de Marcelle Gros à l’histoire du bassin mazametain, bassin industriel du Tarn, terre du textile. La petite Marcelle élevée dans une famille pauvre adopte les valeurs familiales, les idées politiques de gauche et la foi protestante qu’elle finira par abandonner.

D’un premier engagement dans la MJC d’Aiguefonde, petit village près de Mazamet, en 1968 Marcelle va adhérer à la CGT après quelques années de travail comme rentrayeuse dans l’usine textile « Jules Tournier et fils ». Sa personnalité et les évènements feront que peu à peu, elle prendra des responsabilités de plus en plus importantes dans son syndicat (UL, UD, Fédération du textile, Conseiller prud’hommal). Son militantisme associatif et syndical aboutira à son engagement politique auprès du Parti Communiste.

C’est le portrait d’une femme mue par de fortes convictions de solidarité et de fraternité qui émerge derrière les mots de Marcelle. Sa maxime « Faire, ce qui doit être fait » laisse filtrer une course en avant pas forcément choisie. On sent une certaine retenue de sa part à dévoiler les aspects négatifs de la vie syndicale comme si tout devait être parfait.

Parcours individuel d’une cgtiste, c’est aussi un témoignage du déclin du syndicalisme sur une période de 40 années dans un bassin industriel terrassé par les fermetures d’usine. Certes on aurait aimé en savoir un peu plus sur la femme qu’elle était, savoir ce qui comptait aussi dans sa vie, ses désirs, ses regrets, ses réflexions, mais ce n’était pas l’objet de son témoignage.

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