Laurence Debray : Fille de révolutionnaires

jeudi 30 juin 2022, par Elisabeth Gillet-Perrot

Stock, 2017

Biographie et autobiographie se mêlent harmonieusement dans ce livre très attachant écrit par la fille de Régis Debray et d’Elisabeth Burgos.

Le livre commence par le récit des combats de Régis en Amérique latine, dans la guérilla initiée par Che Guevara, qui se terminent par quatre années de prison. C’est une époque dont il parle peu, en tout cas à sa fille, qui va donc chercher des détails dans les lieux de mémoire officiels aussi bien que sur place. L’autrice rencontre des gens qui ont bien connu ses parents. Elle a un très bon rapport avec ses grands-parents au mode de vie bourgeois si différent. De quoi se former une riche personnalité faite de ces contradictions.

Le 24 avril 1967, les parents de Régis découvrent que leur fils est révolutionnaire et qu’il est mort !!! Fausse nouvelle et les voilà partis ensemble puis chacun à son tour dans un deuxième temps à la rencontre de Régis en prison en Bolivie. Écoutons le prisonnier ayant choisi lui-même sa défense : « Bien que j’aie proclamé cent fois que je regrette de ne pas être coupable comme l’aurait souhaité le procureur, que je regrette de ne pas être mort aux côtés du Che, je ne vous donne aucun droit juridique à me condamner parce qu’en matière pénale, on condamne des faits et non des intentions. »

Dès l’âge de 10 ans, Laurence part seule pour l’Amérique latine accueillie par la famille de sa mère d’origine vénézuelienne et quelques années après, en camp de vacances à Cuba qu’elle préfère aux mêmes camps aux États Unis. Elle nous confie qu’elle a décidé de se faire baptiser, Simone Signoret sera sa marraine et le peintre Matta son parrain.

Quand son père, devenu conseiller de Mitterrand était de garde à l’Élysée, Laurence l’accompagnait « dans sa prison dorée qui n’était pas vraiment renommée pour son kid’s club. » Elle appréciait beaucoup la compagnie de Robert de Billy fondateur de la Maison de l’Amérique Latine dont Elisabeth Burgos sera un temps directrice.

La dernière partie du livre : « Un père, un mari et un roi » évoque ses rencontres avec Juan Carlos, roi d’Espagne, qui sera l’objet d’un autre livre. Laurence a deux enfants avec Émile Servan-Schreiber dont elle dit que leur mariage fut (bien) arrangé !

Elle conclut en disant que ses parents ont toléré avec grâce et indulgence son point de vue parfois irrévérencieux sur des sujets personnels douloureux.

Sur fond d’histoire vraie et contemporaine, ce livre se lit comme un roman.