Lucien Violleau : 2710 jours

jeudi 11 janvier 2018, par Léna Jestin

éditions Les Archives Dormantes, 2016

Lucien, cultivateur vendéen, a vingt et un ans en 1937 lorsqu’il est appelé sous les drapeaux pour son service militaire. Alors que celui-ci touche à sa fin, la France déclare la guerre à l’Allemagne et le jeune homme part au front. Rapidement fait prisonnier, il ne rentrera chez lui qu’en 1945. De son incorporation à sa libération, Lucien Violleau tient un journal intime auquel il confie son quotidien mais aussi sa perception de la situation internationale.

« Les femmes sont en pleurs dans les rues de Montoire. La mobilisation générale est prévue pour le soir. Les affaires extérieures semblent indécises. J’ai l’impression qu’on ne peut pas avoir la guerre et je n’ai pas le cafard. Il me semble que ce n’est qu’une période critique qui passe. Pourtant les sacs sont faits, le reste du paquetage a été rendu dimanche midi et on n’attend que l’ordre du départ. »

Un témoignage rare : la vie dans les stalags racontée au quotidien. De nombreux Français ont été prisonniers de guerre dans les stalags allemands durant la seconde guerre mondiale, il existe pourtant relativement peu de témoignages. Celui-ci à la particularité de décrire les conditions de détentions en temps réel : au moment de la rédaction, le jeune Lucien n’a aucune idée de ce que sera l’issue de la guerre. Son récit parfois visionnaire et toujours plein d’espoir, donne une idée précise des conditions de détentions mais aussi de la propagande allemande et des rapports entre les hommes. L’écriture s’affine à mesure qu’avance le récit, et on sent qu’elle évolue de simple « passe-temps » à exutoire indispensable à la survie. L’auteur, un jeune homme « sans histoires », est terriblement attachant et on se prend à lire son récit comme un bon roman d’aventure !

Ce texte inédit et authentique, non retouché, a miraculeusement été conservé. Il a été publié en 2016, à titre posthume, aux éditions Les Archives Dormantes.

Par ailleurs, Damien Pouvreau, petit-fils de l’auteur, a mis en scène ce texte dans une création musicale intitulée « 2710 jours de ma jeunesse » qui questionne sur l’importance de la transmission par l’écriture pour la mémoire collective. Ce spectacle, créé en partenariat avec les Archives Nationales et le Conseil Général de Vendée a été sélectionné par la Région Pays de la Loire lors du dernier festival Off d’Avignon.

On peut écouter des extraits du spectacle sur Youtube et Deezer, et consulter l’agenda des prochaines dates sur le site de Damien Pouvreau