Malala Yousafzai : Moi, Malala je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans

vendredi 11 octobre 2013, par Anne Poiré

Calmann-Lévy, 2013

J’ai été bouleversée, le 9 octobre 2012, lorsque les talibans ont tenté de faire taire Malala. Cette jeune Pakistanaise éminemment courageuse, de quinze ans, qui tenait à faire connaître l’importance de l’éducation, notamment pour les filles, et se battait pour la liberté, la scolarisation pour tous, depuis plusieurs années déjà, ne pouvait pas mourir. Un an après, jour pour jour, paraît cette autobiographie, en sortie mondiale.

Qualifiée d’essai par son éditeur, tous les ingrédients sont réunis pour constituer un ouvrage inoubliable et passionnant. Ces pages en sont très émouvantes, surtout à la fin, rédigées à la fois par cette incroyable rescapée, et par Christina Lamb, journaliste au Sunday Times. On y apprend beaucoup, au plan historique, politique, religieux, sociologique, et surtout humain. On y découvre l’histoire ancienne et récente de ce pays malmené, mais aussi, en particulier, une vie de famille plus que perturbée par des événements dont l’universalité de l’horreur ne peut laisser indifférent. Le texte est complété par quelques photographies personnelles, qui donnent plus de chair encore au récit. C’est à l’élaboration d’une vie exceptionnelle, que nous assistons. Si le père de cette Anne Frank des temps modernes est une personnalité-phare, remarquable de courage et de ténacité, si sa mère compte aussi, à sa façon, le cœur battant de cet ouvrage est Malala.

Sa force singulière fait d’elle une icône prête à donner sa vie pour batailler contre l’intolérance, le fanatisme : comme elle l’a dit récemment aux Nations Unies, enveloppée dans un châle porté précédemment par Benazir Bhutto, elle se bat pour la Paix, et sait que les meilleures armes sont les mots, les crayons, les syllabes prononcées avec vigueur. Cette Rosa Parks de la vallée du Swat a décidé de mener sa vie comme bon lui semble, contre vents et marées, avec une grandeur d’âme qui force le respect. « Je veux apprendre à bien me servir des armes de la connaissance. Ensuite, je serai en mesure de mieux me battre pour ma cause. » Elle a créé le « fonds Malala », pour l’éducation et l’émancipation des filles : 57 millions d’enfants restent non scolarisés, dont 32 millions de filles, rappelle-t-elle à la fin de son ouvrage. Son combat est magnifiquement expliqué, de façon à la fois claire, instructive et émouvante. Assurément, Malala a du charisme. Elle souhaite développer une carrière politique : je la lui souhaite longue, constructive et heureuse.

J’écris ces mots le 11 octobre 2013. Il est 10 heures 14. On la dit favorite pour le Prix Nobel de la Paix. J’ignore encore si Malala l’obtiendra, comme je le souhaite - aujourd’hui. Qu’Oslo le lui décerne ou non, elle le mérite, totalement.

10 heures 26 : Malala n’est pas officiellement lauréate, cette année. Peu importe. Son livre contribuera néanmoins à faire avancer la cause des femmes, à travers le monde. Elle luttera encore pour l’éducation des filles. Lisez cette autobiographie, vous comprendrez en quoi il s’agit d’une personnalité essentielle – incomparable - de l’époque actuelle.

Elle a été lauréate en 2014 (ndlr)