Marcelle Sauvageot : Laissez-moi

samedi 2 décembre 2006, par Brigitte Fauquet

Phébus, 2006

Voilà un très beau petit livre, salué comme un livre précieux en son temps, tombé injustement dans l’oubli depuis sa première publication en 1933 et réédité, il y a deux ans, pour nous émouvoir et aller nous chercher au plus intime de nous-mêmes.

Une jeune femme, l’auteur, tuberculeuse, suite à une rechute, part, encore une fois, se faire soigner en sanatorium. Elle reçoit, alors, de l’homme qu’elle aime une lettre de rupture. Il lui annonce qu’il a décidé de se marier et lui offre en retour, son amitié fidèle. C’est sa réponse à l’homme qui l’a trahie que nous lisons.

Une nuit totale s’abat sur elle. Mais sa descente aux enfers n’aurait rien d’original si elle ne s’accompagnait d’une impitoyable lucidité, sur elle-même et sur son amant. Elle fait toute la lumière sur les faiblesses, les insuffisances de cette relation et souligne que ce sont justement ces imperfections qui en faisaient le prix, tant il s’agissait, du moins, pour elle, d’un amour vécu et non pas rêvé, d’un amour où elle acceptait et aimait l’autre tel qu’il était, et non pas paré de qualités imaginaires. Plus dure est la chute pour celle qui s’est colletée avec la réalité…

La lutte contre la maladie et la menace de la mort sur laquelle, d’ailleurs, elle ne s’étend pas, mais qui est sous-jacente, rendent plus poignante cette recherche de sa vérité : pas de concession, pas de soumission, au code des convenances, des bonnes manières petit-bourgeoises de son ex-amant. Elle mène son dernier combat, seule, contre la maladie et la mort, ne se plaint pas, exprime seulement quel aura été son désir fou d’aimer dans la lumière et l’exigence.

C’est un récit courageux qui laisse admiratif et sans voix.