Marie-Hélène Miauton : Chemins obliques

lundi 21 mars 2022, par André Durussel

éditions de l’Aire, 2022

Marie-Hélène, ou l’autobiographie d’un pèlerinage

Sous le titre Chemins obliques , Marie-Hélène Miauton raconte en soixante-quatre petits chapitres indépendants son récent parcours de deux-mille kilomètres à pied sur l’antique trajet de pèlerinage de la cèlèbre Via Francigena, cette voie empruntée en l’an 990 par l’archevêque de Canterbury, Sigéric, pour rendre visite au Pape Jean XV.

Marie-Hélène, chroniqueuse de l’actualité politique, économique et sociale dans la presse francophone, entre ici dans un tout autre domaine. Elle est partie des bords du Léman pour arriver à Rome, tandis qu’un second volume (en préparation) relatera son cheminement de Rome à Jérusalem. Des chemins obliques, en effet, parce qu’ils la conduisent, chemin faisant (cette parabole de vie) dans de profondes réflexions historiques, géographiques et philosophiques, voire psychologiques, au sujet de la vie et de la mort, mais aussi au sujet d’elle-même et de son enfance, cela sans jamais gommer les difficultés inhérentes à ce nouveau genre d’entreprise :

"Marcheuse non expérimentée, j’ai développé quelques tactiques pour affronter les passages les plus rudes. Lorsque se dresse tout à coup une méchante côte, abrupte et caillouteuse dont le sommet me nargue cinq cents mètres plus loin, il convient de ne pas se décourager. D’abord, choisir un rythme correspondant à mon niveau de fatigue, puis regarder obstinément ses pieds, en refusant de lever la tête jusqu’à l’arrivée en haut."

Ou encore :

"Les parcs ombragés des villes et des villages regorgent de bancs où se reposer, de même que les sentiers pédestres les plus fréquentés. Sur la Via Francigena, ils sont rares, pour ne pas dire inexistants. Pourtant, s’asseoir afin de calmer ses muscles endoloris ou d’admirer le paysage, de boire à sa gourde ou de manger un en-cas, c’est la sempiternelle préoccupation du marcheur."

Souvent à contre-courant face à cette « modernité » que nous subissons, Marie-Hélène nous entraîne ainsi dans ses propres réflexions spirituelles : un questionnement qui respire l’optimisme. Une sorte de sérénité qui, aujourd’hui, fait du bien à l’âme.