Mathieu Simonet : Carnet 37. Récits d’adolescence dans les 37 hôpitaux de l’AP-HP

mercredi 24 décembre 2014, par Véronique Leroux-Hugon

Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, 2014

Carnet 37 c’est une nouvelle forme d’autobiographie collective présentée dans un petit fascicule relatant l’entreprise étonnante lancée par Mathieu Simonet, au cours d’une résidence dans les 37 hôpitaux de l’AP-HP. Cette résidence s’inscrit dans la politique culturelle des hôpitaux, qui ont élaboré récemment une Convention Culture et Santé donnant une nouvelle place à l’usager.

Mathieu Simonet avait raconté dans Les carnets blancs paru au Seuil en 2010 comment il s’était séparé de ses journaux intimes. En 2014, récidiviste, l’écrivain a distribué des carnets Clairefontaine dans ces hôpitaux et a proposé à 1000 patients d’y écrire leur adolescence. Tous les carnets n’ont pas été distribués ni remplis mais les 200 qui l’ont été ont donc permis de continuer le projet en vue de cette autobiographie collective. En effet l’écrivain a ensuite confié les carnets à d’autres adolescents, collégiens et lycéens, pour que ceux-ci rédigent un texte en écho. Ce dispositif a engendré plusieurs manifestations : concerts littéraires, accrochage des carnets pendant la Nuit Blanche dans le parc de la Salpêtrière, expositions, débats. Le projet est exposé dans Carnet 37 dans lesquels on lit plusieurs extraits des textes reçus. Contenu des carnets et textes des adolescents commencent à être postés sur le site www.carnet37.com ou carnet37.blogspot.com.

Enfin, le 11 décembre une journée de bilan s’est déroulée dans plusieurs sites hospitaliers. Lors d’une séance à l’Hôtel-Dieu les participants installés autour d’une table où étaient disposés quantité de carnets remplis étaient invités à prendre l’un d’eux et à la suite écrire eux-même sur un souvenir d’adolescence. À Saint Louis, un acteur lisait des extraits entremêlés à de courtes sessions musicales.

Huit récits de patients classés chronologiquement du début vingtième siècle aux années quatre-vingt-dix précèdent trois textes de lycéens, comme un lien entre les générations. Le livret est illustré de photos, de portraits et de témoignages d’intervenants dans le projet. Ainsi une patiente recopie un poème de 1908 écrit par son père, adolescent, l’autre une enfance cachée en 1940, un troisième raconte le goût des bonbons et des jeux de petit garçon, ou encore le pique-nique familial dans les années 60. On lit l’admiration pour un prof’ d’histoire, ou la dévotion à Patrick Bruel chez une collégienne des années 80. Pour cette dernière devenue handicapée, évoquer ces années lui fait du bien. Le dernier texte de Guillaume A. né en 1983 est repris par un lycéen comme base d’un jeu littéraire. Une lycéenne écrit à l’auteure que son texte lui a donné l’envie d’interviewer ses grands-parents.

Pour finir citons la réponse d’une patiente au questionnaire accompagnant les carnets : « J’ai beaucoup aimé cette expérience, grâce à elle j’ai moins pensé à mon cancer, cela m’a redonné du courage en pensant que j’étais encore utile à quelque chose ».

Si le livret est mince, Mathieu Simonet et tous les intervenants ont ouvert des perspectives très vastes à des formes nouvelles d’écriture.