Missie Vassiltchikov : Journal d’une jeune fille russe à Berlin 1940 – 1945

mercredi 5 septembre 2007, par Anne Poiré

Phébus, 2007

Marie Vassiltchikov a eu l’heureuse idée de tenir un journal extrêmement détaillé durant la seconde guerre mondiale. Grâce à lui on suit sur le vif la vie quotidienne d’une indomptable émigrée, cosmopolite, apparentée à tout le gotha.

Elle est confrontée aux questions élémentaires de survie : décrocher un emploi, se chauffer. On sourit des abruptes juxtapositions de remarques superficielles relatives à l’ordinaire - le rouge à lèvres, le chapeau ou le coiffeur d’une jeunesse dorée - et les préoccupations essentielles : les morts à enterrer, les alertes.

On reconstitue avec intérêt les dessous de l’attentat raté contre Hitler du comte von Stauffenberg, le 20 juillet 44, puisque Missie côtoie bon nombre d’opposants, de très près, en particulier par son travail au ministère des affaires étrangères allemand. Les résistants antinazis de l’époque - notamment Adam Trott dont l’objectif est d’assassiner Hitler, en finir avec le nazisme et organiser l’après-guerre - nous impressionnent.

On assiste également au jour le jour aux bombardements épouvantables et à la destruction, quartier par quartier, de Berlin, livrée au chaos. Le contraste entre les existences autrefois protégées de ce gratin luxueux soudain déstabilisé est saisissant.

Ce journal attachant est complété par des éléments historiques, sur quelques pages rédigées par d’autres acteurs du temps.