Monique Bauer : Désir d’Ouessant, textes et photographies

dimanche 8 novembre 2020, par Philippe Lejeune

Éditions KOMEDIT, 2020
Diffusion L’Harmattan

C’est un bel exemple de résilience que cet album que Monique Bauer propose à notre désir. Elle nous offre une double exploration de l’île d’Ouessant, dans son aspect le plus sauvage, exploration par les mots et par les images. Les mots, d’abord, dans une « promenade poétique », où le texte, d’une prose simple et sensible, est égrené sur deux colonnes ; la prose est comme coupée et scandée par le rythme de la marche, lenteur méditative, attentive et curieuse, lenteur sereine et réparatrice, pour faire le tour de l’île et de ses horizons. Le texte est imprimé sur fond pâle, sur une légère brume d’images, silhouettes devinées de vues dont nous retrouverons les originaux dans la seconde partie. Celle-ci, intitulée « Traces photographiques », propose sans commentaire ni titrage une vingtaine de splendides vues de l’île et de ses horizons, au cadrage suggestif, aux couleurs intenses, où la présence humaine est réduite au minimum et qui s’épanouit en une série de vues de soleils couchants.

Pourquoi parler de résilience ? C’est ce qu’explique une dernière partie, « Le récit » : Monique Bauer nous dit comment en 1993, accablée par le climat à Ouagadougou, elle a pris son téléphone pour réserver à Ouessant une chambre « avec vue sur la mer » et comment ce rêve enfin réalisé lui a permis de surmonter à la fois le climat sahélien et une opération chirurgicale. Résilience à nouveau, tout récemment, quand au sortir d’une maladie qui a mis sa vie en danger, le désir d’un livre a surgi. Elle a réuni dans ce bel album les traces jusqu’alors dispersées de son « désir d’Ouessant ». Merci à elle de ce message tonique. Le pire n’est pas toujours sûr, rêvons avec elle à nos désirs d’îles…