Musée cévenol du Vigan : Quand la photographie raconte l’histoire

samedi 25 juin 2011, par Sylvette Dupuy

Exposition au Musée cévenol du Vigan

C’est une très belle exposition qui a lieu au Musée Cévenol du Vigan (Gard) du 17 juin au 31 octobre 2011, « Entre Aigoual et Causse, 1890-1910 : regard de deux photographes ».

Vers 1890, deux jeunes bourgeois parisiens qui passent leurs vacances en Cévennes dans la demeure familiale, Jacques de Joly et son beau-frère, Jacques Teissier découvrent la photographie et ne cessent de parcourir le pays viganais, comme des reporters dirait-on maintenant, prenant plus de 600 clichés, captant des instantanés de la vie d’alors.

C’est à pied, canne à la main, leur lourd matériel sur le dos, ou conduisant les premières automobiles (une Brasier, notamment) ou bien à vélo, qu’ils mènent leur passion. À partir des plaques de verre, ils développent eux-mêmes leurs tirages, dont l’excellente qualité nous est parvenue de nos jours, conservés dans 6 albums photos grâce à un de leurs descendants, Francis Delabarre, amoureux de son pays.

Bien sûr c’est un précieux témoignage du temps passé auquel nous convie cette exposition patiemment réalisée. Les scènes rurales – la fenaison, la lavandière qui rince son linge dans la rivière, les vieilles fermes caussenardes, les activités quotidiennes des paysans cévenols – alternent avec des scènes de la bourgeoisie locale aisée : rassemblements familiaux qui rappellent les tableaux de la fin du XIXe siècle – pique-niques avec belles dames enchapeautées, la taille étranglée dans leurs longues jupes, ombrelle en main, excursions au Mont Aigoual, goûters sur le perron de belle demeures familiales, enfants endimanchés qui rappellent les illustrations de la Comtesse de Ségur .

Le familier des lieux se surprend à reconnaître tel chemin devenu route départementale, tel mur de pierre consolidé, tel carrefour presque inchangé depuis plus d’un siècle. On reste troublé devant ces « voleurs d’images » d’un autre siècle qui n’entrevoyaient certainement pas la portée sociologique de leur passion.

A l’heure où l’auteure Lydia Flem, bien connue des apaïstes s’interrogeait sur le devenir de « lettres d’amour reçues en héritage », on ne peut que se féliciter qu’un dépositaire d’une telle richesse iconographique, soucieux de rendre hommage à ses ascendants, ne la laisse pas dormir dans une armoire mais l’ offre au public. Qui plus est, l’exposition dans le cadre du Musée Cévenol du Vigan, très bien mise en valeur par la scénographie d’Anne Jaffrennou est parfaitement à sa place dans ce lieu. On lui souhaite bon vent pour d’autres destinations peut-être. Et pourquoi pas un jour dans un lieu réservé au patrimoine photographique comme l’est la Grenette pour l’APA.