Pascale Roze : Itsik

dimanche 30 mars 2008, par Édith Bernheim

Stock, 2008

Quelques heures seulement pour lire ce récit délicat, simple, émouvant.

Histoire banale d’un jeune ashkénaze qui fuit sa Pologne natale. Il veut quitter la grande pauvreté mais aussi l’oppression que constituent les rites religieux.

Itsik (diminutif affectueux d’Isaac) est courageux, il prend le travail qui se présente : d’abord à Berlin, puis à la mine à Bruay. Là, un instituteur socialiste lui apprend le français et lui parle de Léon Blum. « Itsik essaye de comprendre ce qui se passe autour de lui ».

Enfin à Paris ! les affaires vont si bien qu’il peut faire venir Maryem. Ils montent un atelier de tricots qui marche. Gabriel et Denise, les enfants nés en France, parlent le français sans accent, vont à l’école laïque de la République, fêtent le 14 juillet. « Autour d’eux la communauté juive nourrit un grand espoir dans le communisme, cela vient de leur rêve ancien d’un messie établissant le bonheur sur terre. » Après Munich, Itsik s’abonne à l’ Époque journal de droite farouchement anti-Hitler. En septembre 39, c’est tout naturellement qu’il va s’engager, mais ils sont nombreux c’est la pagaille ! Quand enfin il reçoit une convocation du commissariat de police, où il se rend, on l’emmène au camp d’internement de Pithiviers. Les conditions sont affreuses mais, quand Maryem tombe gravement malade, il obtient une permission de 15 jours. Maurice, le beau-frère, considéré comme un peu fou (il s’était engagé dans les Brigades Internationales) veut l’aider à fuir, à se cacher mais Itsik pense que ce ne serait pas honnête, d’ailleurs Maryem va mieux, il retourne à Pithiviers. Ce sera le tremplin pour Auschwitz !

Si par miracle Gabriel et Denise ont survécu, ils pourront maintenant, plus d’un demi-siècle plus tard, écrire un texte qui ira à l’APA, rejoindre d’autres histoires semblables de pauvres gens honnêtes et… floués.