Paul Desalmand : Le pilon

dimanche 22 octobre 2006, par Paule Lunven

Quidam éditeur, 2006

Le récit de Paul Desalmand intitulé Le Pilon est l’autobiographie d’un livre, un livre se penche sur son passé.

Un premier degré de narration raconte les péripéties d’une vie qui se déroule sur vingt ans. Le livre narrateur frôle la mort à plusieurs reprises, connaît une dizaine de lecteurs très différents, fréquente des milieux contrastés, aime et pendant un temps est aimé. Il converse aussi avec d’autres livres dans les librairies et se fait même un ami (un volume de Crime et châtiment). Deux fois, il échappe de justesse au pilon.

Mais celui qui s’intéresse à l’autobiographie comprend bien qu’il ne faut pas s’arrêter à ce seul aspect. Le récit est, en effet, l’occasion d’un perpétuel jeu de cache-cache entre le narrateur et l’auteur. Paul Desalmand avance un paradoxe qui peut se résumer ainsi : souvent, un auteur n’écrit pas pour dire quelque chose, mais pour ne pas dire quelque chose. Paul Desalmand, de toute façon, n’aime pas la confession, directe, crue. Comme son maître Stendhal, il pense que « Cela est contre la pudeur ». Il oblige le lecteur à lire entre les lignes, titillant ainsi sa curiosité, ce que ne ferait pas le simple étalage.

Outre le thème du livre (écriture, édition, lecture, destruction), en relation avec ce qui vient d’être dit, Le Pilon est une métaphore filée sur la mort. La volonté de disparaître y est si marquée que l’on pourrait s’inquiéter quant à l’auteur.

Un livre vif, vite lu, mais avec de nombreux fils qui s’entrecroisent et que l’on a tout de suite envie de relire. Les épigraphes des chapitres sont savoureuses. Je ne retiendrai que celle qui est le plus en relation avec les préoccupations de l’APA. Elle est due à Pavese : « Il est beau d’écrire parce que cela réunit les deux joies : parler seul et parler à une foule. »