Petite Lanterne : Festival de cinéma OFF d’Ollone sur Mer

mercredi 9 octobre 2013, par Élisabeth Cépède

J’ai assisté, au nom de L’APA au festival OFF, organisé par l’association Petite Lanterne, à Olonne-sur-mer les vendredi 27 et samedi 28 septembre 2013. (voir La Faute à Rousseau n° 63 p 53)

Journées riches. Un programme bien composé a permis d’apprécier des œuvres de cinéastes de dix-sept à près de soixante-dix-sept ans.

En ouverture, le film Notre village réalisé par des étudiants en cinéma du lycée Chateaubriand de Rennes en hommage au film réalisé en 1951 par Alphonse Simon, curé de Taillis (Ille-et-Vilaine). Sur les images muettes du village breton, une bande son évocatrice (adaptation sonore et audio-description) a été conçue, afin que le film puisse être apprécié aussi bien par des voyants que des non-voyants. L’Abbé Simon avait un regard d’ethnologue ce qui double le film d’un côté documentaire, mais on est constamment aussi dans du réalisme poétique. Belle expérience pour les élèves, confirment Cécile La Prairie et Manon Kohen venues présenter leur travail.

Le clou de cette première journée était le film de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb Ceci n’est pas un film, présenté par Bamchade Pourvali. Tourné clandestinement puisque Panahi purge une peine de 20 ans de réclusion à domicile sans droit d’exercer son métier. Huis-clos bouleversant qui fait comprendre la difficulté de vivre en Iran. Un beau film aux moyens pourtant limités, film totalement autobiographique, très construit et plein d’humour.

Le lendemain matin, Maxime Martinot projeta Alcools, sorte de journal filmé de futurs réalisateurs, un film charmant qui est un adieu poétique et farfelu à l’adolescence.
Et l’après-midi, quatre jeunes réalisateurs présentaient leur dernière œuvre. Tous intéressants. J’ai particulièrement aimé État des lieux de Matthieu Haag, un jeune professeur de cinéma au lycée d’Angers et qui me semble déjà dans la maîtrise de son art. Cependant le film le plus étonnant, bouleversant, et complètement autobiographique puisqu’il intègre le corps de l’artiste, est Tiens-moi droite de Zoé Chantre, 28 ans, plasticienne et cinéaste, dont le film court les festivals mondiaux depuis deux ou trois ans, c’est un film stupéfiant, impressionnant, sur le thème de la maladie et du handicap dont la création artistique lui a permis de se sortir vaillamment et brillamment.

Vingt petits films de moins de cinq minutes étaient en compétition. Le jury a récompensé plusieurs œuvres, il a attribué le Grand Prix à Je ne suis pas une voiture ni Vincent van Gogh de Carole Contant tandis que la salle votait également, attribuant son prix à Faites attention aux amis de Rémy Douence.

Tout au long de ces deux journées, Gérard Courant a projeté quelques uns de ses Cinématons, un gigantesque work in progress, commencé en 1978 et toujours en cours : l’auteur capte en image fixe et muette pendant 3 mn 20 secondes une personnalité libre de faire ce qu’elle veut dans le cadre. A la mi 2013 la série ne comportait pas moins de 2792 portraits !. Parmi ces Cinématons celui sur Vincent Dieutre, dont le très beau film Jaurès, sorti en avril trop discrètement, est l’émouvante évocation d’une passion, vouée à l’échec, pour un homme marié qu’il rencontrait dans le quartier de Jaurès, refuge des immigrés. La dominante rouge des intérieurs symbolise sans doute l’ardent souvenir de l’amour le plus important de sa vie.

Le festival s’est terminé avec la vraie-fausse autobiographie de Sacha Guitry : Le Roman d’un tricheur chef-d’œuvre dont Orson Welles a dit que c’était après avoir vu ce film qu’il avait senti s’éveiller sa vocation de cinéaste !

Un beau tour d’horizon du cinéma autobiographique d’hier à aujourd’hui. Manifestons notre reconnaissance envers Dominique et Pierre Laudijois et leur équipe. Espérons que Petite Lanterne continuera à éclairer longtemps notre vie de cinéphiles.