Philippe Claudel : Le rapport de Brodeck

mardi 15 janvier 2008, par Édith Bernheim

Le Livre de Poche

Si vous avez aimé La petite fille de Monsieur Lin vous aimerez encore plus Le Rapport de Brodeck.

L’horreur racontée comme une complainte, sur un rythme de musique douce-amère, la tragédie devenue fable. Jamais les termes : nazi, génocide ou simplement ennemi ne sont prononcés mais les persécutions de XXe siècle sont toujours là, présentes.

Dans l’auberge d’un village un crime est commis. Brodeck qui sait écrire et surtout a une machine à écrire est chargé de relater les faits ; Il enquête…. Malgré ce début genre roman policier le récit est bien autre chose, la trame n’est que prétexte à sonder l’âme humaine. La mesquinerie, la lâcheté, la xénophobie ordinaires sont inhérentes à l’individu, qui lui-même n’est qu’un pauvre homme. L’action est située dans un pays imaginaire mais que l’on devine frontalier (les occupants sont des voisins, des semblables), les habitants parlent un dialecte fantaisiste mais avec de vrais mots germaniques « de Anderer » ou alsaciens. Le chien est un hergelaufener, le fleuve pourrait bien être la Meuse.

Dans ce récit sur l’altérité, parmi ces « monstrueux frères humains », quelques personnages, misérables aussi, mais lumineux se dessinent .Longtemps encore après avoir fermé le livre nous penserons à Emélia, Poupchette ou la vieille Fédorine.