Ralph Arlyck : Following Sean

vendredi 16 décembre 2005, par Bernard Massip

Film

Ralph Arlyck, jeune étudiant en cinéma d’origine new-yorkaise, s’installe en 1966 dans le San Francisco de la contre-culture. Il réalise pour ses études un court métrage centré sur l’interview d’un petit garçon de quatre ans, Sean, baignant dans l’atmosphère libertaire de ce temps. Des années plus tard il retrouve son personnage devenu adulte, ouvrier électricien et père lui-même d’un petit garçon. Sur plusieurs années il va suivre son évolution et celles de ses proches. Le film actuel qui entremêle l’enquête contemporaine avec des extraits du court métrage d’origine est l’histoire de ces retrouvailles et de tous les questionnements qu’elles suscitent. A travers elle c’est tout un pan de l’histoire américaine qui se dessine.

On croise des gens à différentes étapes de leur vie. Ils deviennent ce qu’ils sont en suivant des chemins qui peuvent paraître improbables. Il y a les transmissions, celles qu’on assume et celles qu’on refuse mais il y a aussi l’air du temps, l’effet des rencontres et des hasards. De tout cela chacun est fait, chacun s’est fait à travers les contradictions, à travers les nostalgies, celles des époques militantes du côté des grands parents de Sean, actifs militants communistes, comme celles du temps des illusions hippies du côté de ses parents.

C’est une œuvre à la fois biographique et autobiographique : au delà de l’histoire du jeune Sean c’est aussi celle du réalisateur du film qui se dessine. Il est concerné et pas seulement observateur. Du court métrage d’origine au film d’aujourd’hui, c’est bien à travers les yeux de Ralph, à travers ses mots, à travers ses propres mutations que l’on suit les autres et les temps qui changent. Il n’oublie pas de se mettre lui-même en scène, donnant à son regard une chaleur que n’aurait pas celle d’un simple sociologue. C’est un regard qui s’efforce à la lucidité mais humble et respectueux de chacun dans son devenir et dans ses différences, un regard qui ne juge pas, bienveillant à l’égard de tous, un regard très apaïste en somme, un regard que nous dirions « en sympathie ».