Raoul Garnier : L’Amant du silence

jeudi 27 septembre 2012, par François Tézenas du Montcel

L’Harmattan, 2012

En 2008, Raoul Garnier, cadre infirmier retraité, vivant près de Tours, publiait une autobiographie dérangeante, un "coming out" littéraire : Le Choix du fils. Mais le passé n’était pas exorcisé : dans la foulée de cette publication libératrice, l’auteur a entrepris par le biais d’une autofiction constamment truffée de détails authentiques (nom, profession, vie sexuelle) de livrer au public un épisode douloureux et générateur de remords d’une vie qui ne connut jamais la sérénité, tiraillée qu’elle fut entre la spiritualité, l’attachement fusionnel à la mère et une homosexualité clandestine et vagabonde.

Sous la forme d’un récit attribué à un autre, dont le point de vue traverse tout le récit (un homme, surnommé Isis, notable marié, père et grand-père), Raoul Garnier relate la passion durable, mais vécue en pointillé et entrecoupée de longs silences et absences, entretenue par Isis pour cet amant de dix ans son cadet.

Récit émouvant, voire poignant - l’auteur y met en scène sa propre mort - L’Amant du silence bouscule les lois canoniques de l’autobiographie, mais aucun lecteur ne pourra y voir un simple roman. L’auteur livre son mal de vivre, sans détour, sans craindre de choquer, avec une maîtrise d’écriture qui lui fait définitivement gagner ses galons d’écrivain.