Thérèse Jouve : En écoutant Schumann

mardi 29 décembre 2009, par Anne Brasier

Emerit Publishing, 2009

On devine par ce titre que la narratrice est mélomane. C’est pour distraire sa petite fille, âgée de trois ans, du terrible chagrin de la maladie et de la mort de son papa qu’elle lui raconte l’histoire de Clara Wieck et de Robert Schumann, après avoir retrouvé la partition des Scènes d’Enfant.

De subtils accords sont établis entre telle ou telle des Scènes d’Enfant du compositeur et le récit d’épisodes de la vie de cette famille : quelques-uns heureux, la plupart douloureux et pathétiques, même si Thérèse Jouve se garde de tout pathos de mauvais aloi pour dire simplement la souffrance de sa petite fille devant l’incompréhensible. Parfois, des notes de musique sont insérées à la fin d’un chapitre pour traduire autrement les sentiments des deux principales protagonistes, unies par une grande affection et une vraie connivence.

L’enfant s’interroge sur le malheur qui frappe son papa, bien qu’il soit « gentil » et, progressivement, une évidence l’étreint : « Papa est mort et il reste mort. » La narratrice ressent douloureusement la peine de la fillette et prolonge ses interrogations quasi philosophiques tout en racontant leurs promenades dans Bruxelles ou en se remémorant les moments marquants de ce qui vient de bouleverser toute une famille et singulièrement cette petite fille, confrontée à la terrible énigme de la mort.

Par la musique et l’écriture, comme Clara Schumann, pianiste virtuose, la narratrice relie le passé au présent, témoigne de ce qu’elle a vécu avec l’enfant qu’elle aime. Tel est le pouvoir de résurrection de leur art…

Ce livre autobiographique, pudique et délicat, ne manquera pas d ’émouvoir ses lecteurs en même temps qu’ils apprécieront les harmoniques entrant dans la composition du récit.