Traces de vie, au Deutches Tagebucharchiv d’Emmendingen

mardi 5 février 2008, par Catherine Bierling

Exposition de janvier 2008 à septembre 2009

Le dimanche 20 janvier se déroulait à Emmendingen le vernissage de l’exposition Traces de vie organisée par le Deutches Tagebucharchiv (DTA) à l’occasion de sa dixième année d’existence. Le maire d’Emmendingen ainsi que le ministre de la culture du Land de Baden-Württemberg y ont fait l’éloge du travail du DTA. Le Professeur J. von Troschke a présenté l’exposition et en a expliqué la conception. Une déposante a lu un extrait de son journal, tandis que deux joyeuses flûtes traversières se répondant en duo agrémentaient cette présentation. Cette exposition itinérante sera visible entre autres à Constance, Karlsruhe et Fribourg jusqu’en septembre 2009.

L’exposition se compose de plusieurs vitrines et de dix grands panneaux plastifiés, très pratiques pour une exposition qui va beaucoup voyager. Huit de ces panneaux sont consacrés à huit journaux déposés, choisis pour représenter la diversité des auteurs et de leurs motivations. (On peut y remarquer combien la volonté du témoignage historique est forte ici en Allemagne).

Sur un panneau, une adolescente se pose la question cruciale : : « Que serai-je plus tard ? ». Un autre est consacré au témoignage d’un officier allemand assiégé à Stalingrad et se termine par les mots : « Je ne peux plus... ». Plus loin, nous pouvons suivre le récit d’un pasteur voyageur au XIXe siècle. Une jeune femme raconte l’attente vaine du retour de son mari disparu au front, entre 1944 et 1948. Une autre, engagée politiquement décrit les grandes manifestations pacifistes de 1983 ainsi que les conséquences immédiates de l’explosion du réacteur de Tchernobyl en 1986. Un homme encore jeune évoque sa tentative de suicide, et une vieille dame, confinée dans une maison de retraite où elle trouve peu de partenaires avec qui partager ses réflexions, consigne son isolement et sa volonté de donner jusqu’au bout un sens à sa vie, car « plus mon corps devient faible, plus mon esprit devient clair », dit-elle.

Le système de tableaux vitrifiés où les textes sont présentés avec des notices biographiques me semble au début comme une sorte de barrage difficile à franchir. Pour moi, un journal est avant tout un objet, touchable, manipulable, parfois une œuvre d’art, une écriture, en fait un personnalité. Mis à plat et typographié sur ces grands panneaux, il perd un peu de son âme. Cependant, si on se laisse happer par les premières phrases, la curiosité s’allume et ces destins particuliers finissent par nous toucher et nous émouvoir.

Les vitrines montrent également quelques-uns des trésors recelés par le DTA, ces jolis cahiers anciens, à l’écriture appliquée, amoureusement décorés, illustrés par leur auteur.