Maryline Martin : Les Dames du chemin

lundi 22 septembre 2014, par Marie-Adine Lesterlin

Glyphe, 2014.

Courant mars 2014, en déambulant dans les allées du Salon du livre féminin à La Rochelle, j’ai rencontré Maryline Martin qui présentait un petit recueil de nouvelles,Les Dames du Chemin dont l’image de couverture m’a évoqué le thème de nos journées de l’autobiographie,auxquelles j’envisageais de m’inscrire.On y voyait un poilu de la Grande Guerre comptant fleurette à une jolie jeune fille dans un cadre champêtre…

Mon échange chaleureux avec l’auteure de l’ouvrage m’a incitée à le lui acheter. Elle m’a expliqué que son texte s’inspirait de la brève histoire de son grand-oncle, Abel Marchand, mort pour la France à vingt ans, au Chemin des Dames, le 16 avril 1917.

Maryline est allée à sa rencontre après-coup, jusqu’au village de l’Aisne dans le cimetière militaire où il repose avec ses camarades tués au combat. « J’ai ouvert les yeux,un rayon de soleil éclairait la stèle. Mon devoir de mémoire a pris la teinte bleu horizon », c’est par ces mots qu’elle conclut sa quête et nous invite à rejoindre cette époque tourmentée, à travers ses nouvelles.

Du coup, je lui ai parlé de l’APA et du thème des journées 2014 et cette information l’a manifestement intéressée. Nous nous sommes quittées heureuses de cette belle rencontre… et son petit livre est momentanément resté en suspens dans mes étagères, dans l’attente d’être lu. C’est en préparant mes bagages pour Strasbourg que j’ai eu l’idée de l’y glisser et c’est dans le train du retour que, pétrie de tout ce dont nos échanges m’avait enrichie, j’ai eu envie de rejoindre Les Dames du Chemin.

La préface chaleureuse de Jean-Pierre Verney, Conseiller du Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, m’a magistralement introduite dans l’ambiance de ces onze nouvelles. Lui aussi avait tardé à lire le manuscrit qu’on lui avait confié mais lorsqu’il s’y plongea enfin, il nous avoue qu’il fut captivé, comme moi.

Les Dames du Chemin ce sont onze mises en scène, brèves mais incroyablement suggestives, de toutes les situations engendrées par cette terrible guerre. Sur la toile de fond des souffrances endurées par les hommes partis au combat de gré ou de force,ceux de nos campagnes mais aussi ceux de nos colonies,se découpent des figures de femmes,elles aussi plongées dans l’horreur de la guerre : celles qui ont vu partir, attendu puis perdu celui qu’elles aimaient ; celles qui, par leur soins, leur attention ou leur tendresse ont apaisé la détresse des blessés du corps ou de l’esprit,mais aussi celles qui furent victimes impuissantes de l’occupant. Les enfants sont là aussi, ferments d’espoir en un avenir à réinventer ou voués à la mort parce qu’engendrés dans la violence.

Les Dames du Chemin nous entraînent dans le cœur de ces années noires où l’Histoire s’est retournée contre les hommes pour les conduire au chaos. Abel, le jeune poilu mort pour la France est là au nom de tous ceux à qui la guerre a volé leur jeunesse et fauché la vie. Il nous accompagne dans nos retrouvailles avec tous ceux, si proches, d’il y a cent ans déjà.