Revue La Faute à Rousseau

Nous sommes imprégnés d’écriture au point de parfois perdre de vue que nous vivons, avant tout, d’entendre et de parler : « de vive voix », comme on dit si bien.
Ce dossier se présente donc comme un retour aux sources.
La voix sera d’abord, pour l’autobiographie, matière à récit : souvenirs de notre « paysage sonore », bruits d’autrefois, chansons, conversations, voix aimées disparues, paroles traumatisantes, mots d’amour, accents qui disent une appartenance, sociale ou régionale, et puis toutes les aventures que chacun a avec sa propre voix, qu’il ne reconnaît ou n’aime pas, voix difficile à...

Oui, les sujets que nous sommes ont besoin de complément d’objets pour donner sens à leur vie. Les objets sont comme des mots assemblés en phrases autour de nous : ils disent notre légende et tracent notre portrait. Ce sont nos blasons.
Ils forment un langage qui s’articule tout au long de la vie, puis se rassemble et se défait, comme le rappelle l’image, plutôt mélancolique, qui illustre notre couverture. Mais la note dominante de ce dossier sera du côté de la tendresse et de la transmission. L’objet est « transitionnel » : dans l’espace, de nous au monde, qu’il nous permet de nous approprier...

Aérer nos identités : telle était l’idée des Journées de l’Autobiographie qui nous ont réunis à Strasbourg en juin dernier. Il s’agissait moins de dépasser l’identité nationale pour fonder une identité européenne que de retrouver l’esprit de l’Europe des Lumières : tolérance, ouverture, curiosité pour l’autre, Européen ou non – « comment peut-on être Persan ? ».
Notre dossier ne sera donc pas une encyclopédie ni un atlas, mais une série de coups de sonde, ou de fenêtres entr’ouvertes.
Il s’ouvrira et se fermera sur des expériences personnelles d’échange, d’émigration, de traduction, montrant...

C’est l’envers de la mémoire : l’immensité de ce qu’elle n’a pas retenu au départ, le tri de ce qu’elle élimine en cours de route pour faire place au nouveau et nous permettre d’évoluer ; mais c’est aussi, parfois, la douleur de ce qu’elle n’arrive ni à garder ni à rejeter, et qui reste bloqué dans l’ombre.
Le temps, l’identité, la mort : l’oubli touche à tous les bouts de notre destinée, comme à l’amour, à la souffrance, au deuil. Il concerne autant la mémoire collective que la mémoire individuelle.`Il est comme l’eau qui efface, mais qui lave aussi. Nous avons choisi d’aller à pas lents, des...

Quinze ans déjà ! – La Faute à Rousseau se penche sur ses photos de jeunesse : voici notre n° 8, février 1995, consacré à « Mémoire et photographie »… Comme nous étions jeunes ! Notre revue était juste photocopiée et agrafée ! L’illustration, bricolée, les photos, collées à la main sur la maquette… Mais le contenu, déjà pensé et bien senti, certes, comme aujourd’hui ! Si l’on compare les deux dossiers, qu’est-ce qui a changé ?
Une attention plus grande portée, aujourd’hui, à la photo d’art et aux réflexions d’écrivains, qui souligne l’écart entre les sophistications d’avant-garde et ce qu’on...

« Mon voyage dépeint / Vous sera d’un plaisir extrême. / Je dirai : « J’étais là, telle chose m’avint » ; / Vous y croirez être vous-même »…
C’est la seconde fois que La Faute à Rousseau part en voyage. Il y a onze ans – déjà ! - en octobre 1998 (n° 19), un dossier était consacré à la fois au voyage et à l’exil – l’exil, voyage forcé, voyage sans retour. Jugions-nous le voyage, à lui seul, un thème trop mince ? Le présent dossier montrera le contraire.
Vous pourrez voyager dans le sens de la marche, en vous reportant au sommaire : Départ (une introduction), Parcours (d’Apaïstes), Écrivains en...

Ils sont trois, mais il y en a un qui mène la danse.
Le privé et le public sont un vieux couple. Ils ont fait leurs études de droit ensemble. Depuis les temps anciens, ils se partagent le monde. Ils étaient bien tranquilles…
L’intime est un outsider venu troubler le jeu, redistribuer les cartes. Il est fils du « for intérieur », frère du héros romantique : « Mon âme a son secret, mon cœur a son mystère », mais aussi père d’un nouveau type de communication sociale. Secrets, connivences, « coming out », tout lui va !
Alors les choses se compliquent. Notre intériorité ne serait-elle pas, comme l...

« La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel », écrit Baudelaire dans Le Cygne.
Notre dossier suivra la double perspective suggérée par Baudelaire, celle de l’expérience (nous sommes, presque tous, aujourd’hui, des hommes et femmes des villes) et celle de l’allégorie.
Il nous promènera dans des villes réelles, Londres, Paris, Genève, Helsinki, Bruxelles, Berlin, mais aussi Calais, Cannes, Laval, Višegrad, Saint Andrews, Ambérieu-en-Bugey et bien d’autres.
Il nous fera réfléchir en même temps à la manière dont la ville façonne et reflète notre identité, tissant l...

« Rêver (bien ou mal) est insipide (quel ennui que celui des récits de rêve !) », soupirait Roland Barthes. « Un recueil de rêves, sans les associations qui s’y sont ajoutées, sans la connaissance des circonstances où le rêve a eu lieu, un tel recueil pour moi ne veut rien dire, et je ne peux guère imaginer ce qu’il peut vouloir dire pour d’autres », écrivait Freud à André Breton.
Et pourtant nous rêvons, nous nous en souvenons un peu, nous le racontons beaucoup… Notre autobiographie nocturne peut ouvrir des aperçus sur ce qui nous échappe de notre vie – vitrail de l’inconnu, soupirail de l...

« J’ai remarqué souvent que, même parmi ceux qui se piquent le plus de connaître les hommes, chacun ne connaît guère que soi, s’il est vrai même que quelqu’un se connaisse… », écrivait Rousseau au début des Confessions.
Notre dossier mettra l’accent, dans sa première moitié, sur l’expérience originale de l’APA : lire en sympathie les écrits inédits d’inconnus, pour en rédiger et publier des « échos de lecture ». Expérimentée progressivement à partir de 1992, l’activité des groupes de lecture a fait l’objet de deux séminaires de réflexion, en 2000 à La Pellonnière (Perche) et en 2007 à...