La Faute à Rousseau n°84 (juin 2020), L’autobiographie en mouvement

vendredi 19 juin 2020

  • Réf. : ISBN N°84
  • Prix : 12 €
  • Disponibilité : Oui

Éditorial

L’autobiographie en mouvement

Lorsque ce thème a été choisi, nous ignorions que, par une curieuse ironie du sort, la totalité de ce numéro s’écrirait alors que les trois quarts du monde se trouvaient à l’arrêt. Gagnant peu à peu l’Europe et les Amériques, un virus né en hiver dans un lointain Orient a fait de nous, pour de longues semaines, des assignés à résidence d’un nouveau genre. Ce temps, pour beaucoup, a d’abord été celui du choc et de la sidération. Pourtant, il est remarquable (et passionnant) de constater qu’a contrario il a donné un formidable élan à l’écriture personnelle.

Dès les premiers jours, les débats ont fait rage autour des « journaux de confinement » commandés à des écrivains célèbres comme Leïla Slimani ou Marie Darrieussecq : certains n’avaient pas de mots assez durs pour les condamner, d’autres en soulignaient au contraire l’intérêt sociologique, ou trouvaient tout simplement du réconfort dans le partage d’émotions violentes pour lesquelles les mots manquaient. Ainsi l’APA a-t-elle créé un blog dédié pour permettre aux adhérents d’y partager leur quotidien, heureux ou inquiet.

Par ailleurs, nombre d’auteurs, confirmés, amateurs ou en herbe (on pense aux journaux de collégiens dont le journal Le Monde a publié des extraits), nombre de blogueurs ou d’instagrammeurs ont rivalisé d’ingéniosité pour offrir en ligne la transfiguration d’un pan de leur intimité. D’autres ont œuvré en secret, réservant pour plus tard leurs récits, dont la prochaine rentrée littéraire nous offrira sans doute foison. Au grand dam des éditeurs craignant d’ores et déjà la vague (voire le tsunami) des « journaux de confinement »…

Mais, en tous les cas, rarement la question de l’expression autobiographique aura paru aussi cruciale, aussi polémique parfois ; rarement les barrières du dedans et du dehors, de l’intime et du public, auront à ce point vacillé, à l’heure où les caméras des Zoom et autres Skype ont pénétré dans les salons. Ce moment particulier sera, à n’en pas douter, le terreau de nouvelles et fécondes interrogations sur l’autobiographie. En attendant, force est de constater à quel point, dans un moment où la maladie et la mort ont fait irruption avec une brutalité douloureuse dans notre quotidien, l’écriture de soi est restée vivace, foisonnante, résiliente. En un mot, vivante.

Véronique Montémont

Sommaire FAR 84

Éditorial : L’autobiographie en mouvement 3

Ouverture

Page blanche
R. Combroux et B. Massip : L’aventure des livres-navettes 4
L’évènement
Bernard Massip : Edgar Morin, au miroir de l’autobiographie 8

L’autobiographie en mouvement


Introduction
Adrien Chassain : L’écriture de soi, pratiques et recherches mêlées 13
Retours
Philippe Lejeune : Le « Pacte » revisité 16
Denis Dabbadie : Monologotobio (Éric Chevillard) 18
Extensions
Véronique Montémont : L’autobiographie aux mille visages 19
Arnaud Genon : De la théorie à la pratique :
comment inscrire et écrire le « je » 22
Graham Woodroffe : En mouvement au quotidien 25
Elizabeth Legros Chapuis : Le récit transpersonnel, un pas de côté 27
Gérald Cahen : « Comment je suis devenue photographe », entretien
avec Lydia Flem 29
Sylvie Jouanny : Quand la nouvelle devient autobiographie, entretien
avec Marion Dessaules 32
Adrien Chassain : L’autobiographie partagée d’André Markowicz 35
Du côté des récits de vie
Chr. Delory-Momberger : Vocabulaire des histoires de vie
et de la recherche biographique 37
Emmanuelle Ryser : L’approche narrative au service du récit de vie 39
Véronique Leroux-Hugon : Vincent de Gaulejac, Dénouer les nœuds
sociopsychiques 40
Gérald Cahen : Le « je » de l’historien (Ivan Jablonka) 42
Projets
Françoise Simonet-Tenant : La construction d’un site, EcriSoi 44
Édouard Boulon-Cluzel : « Je forme une entreprise... » 46
 

Fonds APA


Jacqueline Chebrou ou le désir d’œuvre, présenté par Catherine Soudé 49
Dépôts reçus à l’APA, janvier-mars 2020 60
 

Chroniques


Michel Braud : Amiel & Co, diaristes suisses (Les Moments littéraires) 62
E. Legros Chapuis : L’Alexandrie de Pénélope Delta 64
Véronique Leroux-Hugon : Virginie Linhart, L’Effet maternel 65
Sylvie Jouanny : Marion Dessaules, Une enfance aux éclats 67
Hélène Gestern : Chr. Delory-Momberger, Exils/Réminiscences 69
Elizabeth Legros Chapuis : Rousseau/Casanova, lectures croisées 72
Elizabeth Legros Chapuis : Hélène Gestern, Armen Lubin 74
Véronique Leroux-Hugon : Ruth Zylberstein, 209, rue Saint-Maur 76
Isabelle Valeyre : Constance Debré, Love me tender 78
Hélène Gestern : Vivienne de Watteville, Une île sans pareille 80

Vie de l’association


Bernard Massip : L’APA confinée mais bien vivante 82
Un blog pour les journaux de confinement 83
Monique Bauer : Julieta Solis, 1939-2020 84
Publications APA 84
 


Rectificatif concernant l’article L’aventure des livres navettes p 4 :
Madame Faudot nous a signalé quelques erreurs. Sa mère Berthe Bergé n’a jamais travaillé pour les magazines Minerva et Ève, elle ne s’est donc jamais occupé du courrier des lectrices. Elle communiquait avec d’autres par l’intermédiaire de ce courrier. Elle n’est pas à l’initiative des livres-navettes. Quand elle en a eu connaissance elle a écrit dans certains et elle a lancé les siens.
Madame Faudot précise également qu’elle n’a pas fait don des Livres-navettes de sa mère aux AD/31 mais les a mis en dépôt. Et c’est aux Journées Européennes du Patrimoine qu’elle les a présentés et non aux Journées Portes Ouvertes des Archives.