La Faute à Rousseau n°85 (octobre 2020), Enfermements

dimanche 18 octobre 2020

On trouvera désormais ici, dans la page de présentation de chaque numéro de La Faute à Rousseau, l’introduction du dossier thématique, suivi de l’éditorial puis du sommaire complet.

  • Réf. : FAR 85
  • Prix : 12 €
  • Disponibilité : Oui

Présentation du dossier : ENFERMEMENTS

Tant de circonstances diverses peuvent conduire à l’enfermement d’une personne… On pense tout de suite à la prison, et déjà les cas se diversifient : détenus purgeant une peine d’emprisonnement à la suite d’un crime ou délit, prisonniers politiques, prisonniers de guerre, personnes internées dans des camps de travail, camps de concentration, camps de migrants aujourd’hui.
Mais on pense aussi à la maladie, fait d’actualité puisque l’épidémie de Covid-19 a imposé au printemps 2020 un confinement de plusieurs mois, en France comme dans d’autres pays. Les malades sont toutefois légion, de tout temps, à avoir dû « garder la chambre » pour des périodes plus ou moins longues. Maladies contagieuses, maladies chroniques, mais aussi handicaps, blessures, maladies mentales, autant de raisons d’être enfermés – avec ou sans leur consentement.
Et enfin il existe encore les réclusions volontaires, celle des ermites, des moines ; celle des expériences tentées dans la solitude par des explorateurs de l’extrême ; celle des écrivains qui se verrouillent dans leur lieu d’écriture.
Une telle diversité de cas se reflète dans le contenu de ce dossier, qui ne saurait être exhaustif. Plusieurs articles rendent compte du récent confinement que nous avons tous vécu et tentent d’éclairer ce qu’il nous a appris. Une autre section examine le cas de prisonniers que l’enfermement a conduits à l’écriture autobiographique, sous forme de lettres ou de récits : Madame Roland, Gramsci, Mandela… Lisez aussi l’extraordinaire témoignage de Batia Baum, traductrice des récits, miraculeusement sauvés de la destruction, provenant du ghetto de Varsovie.
Une note plus légère est apportée dans les textes des reclus volontaires, comme le livre de Carol Dunlop et Julio Cortázar Les Autonautes de la cosmoroute, un voyage d’un mois entre Paris et Marseille sans jamais sortir de l’A6, ou celui de Cyprien Verseux qui a passé un hiver en Antarctique. Des portes s’ouvrent…

EDITORIAL
C’est arrivé demain

J’écris ceci début septembre 2020, c’est la rentrée des classes. On l’avait espérée « normale », elle s’avance… masquée. Quant à l’économie, relancée à coup de milliards, elle peine à redémarrer. Où en serons-nous fin octobre quand vous lirez cet éditorial ? Et dans un an, dans dix ans, en feuilletant vos vieilles Faute à Rousseau, sourirez-vous de pitié devant mon pessimisme exagéré ou me trouverez-vous naïf d’avoir sous-estimé la seconde vague de la pandémie… et le ressac des vagues suivantes avec les troubles mondiaux qui en auront résulté ?
Qui sait ?
L’APA a-t-elle eu raison de clore au 1er juin son blog « Vivre confinés » ? – Oui, bien sûr, puisqu’enfin on pouvait de nouveau se parler « en présentiel » (pénible expression, qui fait paraître le naturel… artificiel) et circuler librement dans l’espace à défaut de pouvoir circuler dans le temps.
Certes, cela, qui a jamais pu le faire ? L’autobiographie de l’avenir est un rêve, un exercice littéraire, un jeu qu’on rendra, selon son tempérament, doux ou cruel, puisque la seule chose sûre, sur le plan individuel, est notre disparition. L’avenir est pour chacun matière à projets à court ou long terme, esquissés et retouchés pas à pas dans le huis-clos du journal personnel, réévalués dans l’autobiographie comme une histoire de nos avenirs, ces projections ou synthèses aboutissant toujours à une porte ouverte sur l’inconnu : demain.
La pandémie du Covid 19 est-elle un lever de rideau préludant aux changements par ailleurs inéluctables dus au réchauffement climatique – une mondialisation du malheur ? Qui sait ? Ou bien sommes-nous seulement en proie à l’impression commune de vivre un tournant de civilisation, comme Chateaubriand concluant ses Mémoires d’outre-tombe : « Je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves ; j’ai plongé dans leurs eaux troublées, m’éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue ».
Plongeons et nageons dans les eaux troublées du présent, mais faisons-le ensemble comme le blog « Vivre confinés » nous en a donné l’exemple, et souhaitons avoir le moins longtemps possible la pénible obligation de vivre… masqués !

Philippe Lejeune

SOMMAIRE

Éditorial : C’est arrivé demain 3

Ouverture
Page blanche
L’expérience du blog Vivre confinés, entretien de Bernard Massip
avec E. Legros Chapuis 4
L’évènement
Prête-moi ta plume : Devenir biographe, de Michèle Cléach
et Delphine Tranier-Brard, par Véronique Leroux-Hugon 8

DOSSIER : Enfermements
Présentation du dossier 11 (voir plus bas)
Confinés
Rousseau confiné 12
Bernard Massip : Vous avez dit : Enfermés ? 13
Marie-Dominique Pot : « Toute prison est un royaume » 15
Denis Dabbadie : À la recherche des espaces perdus 16
Elizabeth Legros Chapuis : Effets secondaires inattendus 18
Sylvie Jouanny : Le Covid-19 à la lumière de La Peste de Camus
Coupés du monde
Gérald Cahen : Porte close 23
Sylvie Jouanny : Vie psychique et gestes-barrières 24
Prisonniers, internés
E. Legros Chapuis : La prison comme déclencheur
(Madame Roland) 27
Jean-Pierre Marchand : Les lettres de prison d’Antonio Gramsci 29
Laurence Martin : Nelson Mandela, une vie emprisonnée 32
Isabelle Mercat-Maheu : Confinés en prison 33
Florian Gallien : Archives de détenus 35
Myrthe Korf : Confinés à travers les océans 37
Paquito Schmidt : Enfermés au camp de Gurs 38
Gérald Cahen : « Cherchez ! Cherchez partout ! », entretien avec
Batia Baum, traductrice des manuscrits du ghetto de Varsovie 40
Reclus volontaires
F. Simonet-Tenant : Pourquoi et comment s’enfermer sur l’autoroute
(Les Autonautes de la cosmoroute, de Carol Dunlop et Julio Cortázar) 43
Gérald Cahen : Brrr ! (Cyprien Verseux, Un hiver antarctique) 46
Elizabeth Legros Chapuis : S’enfermer pour écrire 48

Fonds APA
Le fonds Buret-Cohen (APA 108),
présenté par V. Leroux-Hugon 50
Dépôts reçus, mars-juillet 2020 61

Chroniques
Bernard Massip : L’événement Springora (Le Consentement) 64
Jean-Pierre Castellani : Claro, La Maison indigène 66
Irène Bathori : Jean-Paul Honoré, Pontée 69
Isabelle Valeyre : Joseph Ponthus, À la ligne 71
Bernard Massip : Julie Wolkenstein, Et toujours en été 72
Hélène Gestern : Maïa Kanaan-Macaux, Avant qu’elle s’en aille 74
V. Leroux-Hugon : P. Caspard, Amours d’enfants et premières amours 75

Nous avons lu
Philippe Lejeune : D. Thémines, Jetés de mots autour de mon journal 78
Alice Bséréni : Jean-Paul Kauffmann, Venise à double tour 79
Laurence Martin : Gloria Steinem, Ma vie sur la route 80
Françoise Lott : L’Algérie en héritage, textes réunis
par Martine Mathieu-Job et Leila Sebbar 81
Elisabeth Gillet-Perrot : M. Petitjean, Le Cœur, Frida Kahlo à Paris 82

Vie de l’association
Florian Gallien : L’APA à Ambérieu,
un bilan 2020 très encourageant 83
Adhésions/abonnements 2021/Publications de l’APA 84