La Faute à Rousseau n°89, Février 2022, l’APA et ses déposants

samedi 26 février 2022

  • Réf. : FAR 89
  • Prix : 12 €
  • Disponibilité : Oui

On trouvera désormais ici, dans la page de présentation de chaque numéro de La Faute à Rousseau, l’introduction du dossier thématique suivi de l’éditorial puis du sommaire complet.

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Présentation du dossier
Déposer, donner, partager

L’APA accueille, protège, donne à connaître des collections de textes dont l’importance et la valeur sont de plus en plus reconnues, de mieux en mieux appréciées. L’APA n’est pas seulement un organisme d’archives, elle est une petite société d’auteurs et de lecteurs qui vit sous le régime de l’union libre. À la grande diversité des textes déposés correspond une grande diversité des auteurs et des déposants. Tous les déposants ne sont pas auteurs, l’éventail des démarches qui conduisent au don et l’accompagnent est très large, les motivations et les relations entre donateurs et APA sont très variées. Certes ils sont rares, mais il y a des dons anonymes : certains textes arrivent à l’APA sans déclaration du déposant, ni même mention d’expéditeur, un peu comme les enfants abandonnés dans le passé sous le porche des églises ! À l’autre bout de la chaîne, certains donateurs ont participé activement à la création de l’APA, d’autres sont devenus au fil des ans de fidèles compagnons de route, voire des piliers de l’association. Entre la volonté d’anonymat et l’engagement militant, il existe toutes les nuances d’un intérêt plus ou moins marqué pour l’autobiographie et d’une implication plus ou moins soutenue dans la vie associative. Que d’histoires différentes, parfois romanesques, ont conduit les textes autobiographiques sur les étagères de la salle d’archives de l’APA !

Trois grands moments scandent la relation qui se noue entre donateur et APA. D’abord la première rencontre, qui est déjà souvent un aboutissement parce qu’il ne suffit pas d’avoir découvert l’existence de l’APA d’une façon ou d’une autre, un lien de confiance doit s’instaurer pour que l’on accepte de déposer des archives personnelles ou familiales, surtout si l’on se sépare de textes originaux, d’exemplaires uniques, et même si l’on préfère stipuler des périodes plus ou moins longues d’interdiction de lecture. En outre il est rare qu’un texte autobiographique ne concerne qu’une seule personne, la décision de le déposer, donc de l’exposer, entraîne une réflexion sur les autres personnes concernées dont il faut parfois solliciter l’accord. La deuxième étape confronte le déposant à un groupe de lecture, à des lecteurs, surtout au lecteur chargé de rédiger l’écho de lecture. C’est une étape décisive, la vraie rencontre, autour du texte, le nœud de la relation, son épicentre. Dans la plupart des cas, l’envoi de l’écho de lecture et sa réception donnent lieu à un échange si particulier, attendu et émouvant des deux côtés. Enfin, après les obligations contractuelles entre déposant et APA, vient le temps d’un autre choix. On peut choisir d’adhérer à l’APA ou non, de participer ou non aux rencontres organisées, aux groupes constitués ou aux publications, bref de s’engager ou non.

Les quatre intervenants qui ont accepté de témoigner sur leur expérience de déposant/donateur à l’APA illustrent par les textes qu’ils ont déposés et par leurs relations avec l’APA la diversité qui caractérise les modes de contribution aux collections et d’investissement dans la vie associative de l’APA. Raphaël Bondue appartient à un petit groupe de diaristes qui déposent leur journal à intervalles réguliers : depuis dix ans, il envoie tous les deux ans à l’APA les volumes de son journal pour la période qui vient de s’écouler. Annie Rambion a d’abord déposé des textes écrits par ses parents avant de se lancer elle-même dans l’écriture autobiographique et de déposer des textes personnels. Françoise Bonnot-Jörgens, Apaïste de longue date, a déposé de nombreux textes de souvenirs, des extraits de son journal, un texte déniché par hasard ; elle est amenée à intégrer progressivement l’APA dans son œuvre autobiographique. Enfin Michel Vannet, présent près du berceau dès 1991, a une connaissance intime de toutes les facettes de l’APA : il a accueilli des déposants, lu des textes, rédigé des échos, il connaît bien les collections, il a lui-même déposé les Mémoires de son père, puis ses propres textes, a été Président de l’APA, il a exploré tous les versants de l’APA. Merci à tous les quatre d’avoir accepté de représenter des milliers de déposants et de partager leur histoire avec l’APA.

Éditorial
Vivre/Écrire

Comment faire partager à un plus large public nos plaisirs de lecture ?
Les membres des groupes-lecture de l’APA ont le sentiment d’être privilégiés. Les envois de textes reçus ne sont pas programmés thématiquement. D’un envoi à l’autre on se promène, bousculés et séduits, aux quatre coins de l’expérience humaine. Si déposer un texte à l’APA est une aventure, comme le montrera le dossier de ce numéro, c’en est une aussi, pour les Apaïstes, que de lire ainsi en série des vies d’inconnus.

En rassemblant chaque année dans le Garde-mémoire par ordre chronologique les échos de lecture, on donne à ceux qui n’ont pas la chance de faire partie d’un groupe-lecture l’occasion de participer un peu à cette expérience enrichissante (voir ci-dessous p. 00).

Mais comment faire pour accéder, au-delà de ces échos, aux textes eux-mêmes ?
Aux chercheurs en sciences humaines il suffira, après rendez-vous pris auprès de Florian Gallien, notre archiviste, de venir s’établir plusieurs jours à Ambérieu pour des lectures au long cours. Mais le fonds ne devrait-il pas être plus largement accessible ? Faudrait-il pour cela rêver à une « mise en ligne », à une indiscrète et générale numérisation, qui, au-delà des problèmes techniques, poserait des problèmes éthiques de confidentialité ?
Nous avons cherché des solutions plus réalistes, en restant dans l’univers du livre. Nous avons mené, dans le cadre des Cahiers de l’APA, un important travail d’inventaire et d’anthologie, élaborant huit « cahiers de relecture » qui inventorient, présentent et illustrent de brefs extraits un thème ou un champ d’expérience particulier.

Un pas est franchi aujourd’hui : les éditions du Mauconduit, en association avec l’APA, lancent une nouvelle collection, « Vivre/Écrire » : quatre beaux petits livres paraissent cette année à destination du grand public (voir p. xx-xx). Ce sont comme des recueils de nouvelles, présentés par un chercheur. Ils seront publiés ensuite au rythme de deux par an.

Qu’écrivent les amoureux dans le secret de leur amour ? Quelle fut l’expérience des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale ? Comment s’évade-t-on d’un camp de prisonnier ? Comment un exilé reconstruit-il son identité ?

Pour le savoir, courez dès maintenant chez votre libraire ou commandez directement sur notre site internet, en attendant les livraisons des prochaines années qui programmeront, entre autres, Journaux d’adolescences, Cheminots, Indochine, Transfuges de classe… tout un monde !

Philippe Lejeune

Sommaire

ÉDITORIAL
Vivre/Écrire 3

OUVERTURE
Page blanche
Malcolm Saunders : Jusqu’ici, tout va bien… 4
L’évènement
Isabelle Valeyre : Édouard Louis, Changer, obsession et désillusion 8

L’APA ET SES DÉPOSANTS
Table ronde
Claudine Krishnan : Déposer, donner, partager 11
E. Legros Chapuis : Une enquête pour mieux connaître nos déposants 13
Raphaël Bondue : « Donner une vie à mon travail » 15
Françoise Bonnot-Jörgens : Mon expérience de déposante à l’APA 17
Annie Rambion : Déposante au long cours 19
Michel Vannet : Histoires de dépôts 21
Paroles de déposants
Guillemette de Grissac : Diariste contrariée 23
Denis Dabbadie : Le déposeur déposé 25
Christian Lejosne : Le virus de l’écriture autobiographique 27
Mathieu François du Bertrand : Un trouble paisible 28
Monique Bauer : Les boucles du temps 29
Bernard Massip : L’écho refusé 31
Nancy Guri Duncan : « Archivistes de nous-mêmes » 32
Paroles de lecteurs
René Rioul : La rhétorique de l’écho de lecture 35
Isabelle Valeyre : Lectrice et déposante, un duo singulier 39
Gérald Cahen : À l’écoute des silences 40
Bernard Massip : Le fonds APA en chiffres 42
Michel Baur : Un inventaire passionné 44
Finale
Catherine Bogaert : Prêter son journal 47

FONDS APA
Le fonds « Sernise » (APA 268), présenté par V. Leroux-Hugon 50
Registre des entrées, septembre-décembre 2021 62
Laurence Santantonios : Faire vivre les textes du fonds APA 64

CHRONIQUES
E. Legros Chapuis : Enfermement et vocation littéraire (Boris Gobille) 66
Bernard Massip : Identité mosaïque (Fatima Daas, La Petite Dernière) 68
Catherine Bierling : Voyager… et l’écrire 69
V. Leroux-Hugon : à la limite de deux mondes (Apolline Garrel) 70
Fl. Gallien : Mémoires de femmes au foyer, entretien avec M. Dominici 72
Tanguy Laurent : La société en première personne à la BnF 74
E. Legros Chapuis : Élégie pour une amie disparue (Camille Ruiz) 76
Pierre Kobel : Une plongée dans la pratique du journal personnel
(Sophie Pujas et Nicolas Malais) 77
Sylvie Jouanny : « Vivre en eaux troubles... » (Deborah Levy) 78

VIE DE L’ASSOCIATION
La vie des groupes APA 80
Un nouveau Cahier de l’APA, Vivre confinés 83
Assemblée générale/Prochaines manifestations /Publications de l’APA 84
Couverture : photo Rachel Paty, 2022