Journées de l’autobiographie 2022 : Nos écoles

jeudi 21 juillet 2022, par Chantal de Schoulepnikoff

Après deux années de suspension imposée, les Journées de l’autobiographie ont repris en 2022 sur le thème "Nos écoles" à l’Espace 1500 d’Ambérieu. Elles étaient couplées avec la célébration du 30e anniversaire de l’APA.
On en aura dans cette page un compte-rendu détaillé. On pourra accéder en outre au discours d’introduction de Philippe Lejeune et à certaines interventions prononcées dans les tables-rondes sous forme de fichiers pdf.

En rentrant d’Ambérieu, je pensais avec émotion aux nombreuses personnes qui sont venues dire à Philippe Lejeune : « Avec l’APA, tu as changé ma vie ! ». Oui, depuis 30 ans, Philippe et l’APA ont joué un rôle essentiel dans nos existences, grâces leur soient rendues ! Ces Journées, si longtemps différées par la pandémie, leur ont rendu un hommage mérité et ont été particulièrement riches en émotions et en événements.

Après cette attente imposée par le virus, le plaisir des retrouvailles était au rendez-vous : renouer avec nos habitudes apaïstes, faire ou refaire connaissance, se rencontrer et dialoguer à nouveau après une si longue période, tout cela a donné une tonalité joyeuse aux rencontres et aux discussions informelles, tout en imprégnant le dialogue lors des tables rondes, des ateliers et des « cartes blanches ».

Les 30 ans de l’APA

Créée en 1992, l’APA fête son trentenaire. Comme l’a dit Philippe, l’APA devenue adulte a décidé de publier son autobiographie, et elle l’a fait de diverses manières grâce à ses fidèles adeptes : une exposition, un livre, un film ... et tant de souvenirs évoqués !

A la soirée d’ouverture : Philippe Lejeune avec Michel Baur

À tout seigneur tout honneur : c’est à Philippe Lejeune, fondateur et président, qu’il revenait d’ouvrir cette manifestation. Avec la modestie et la discrétion qui lui sont coutumières, et avec le délicieux humour que nous connaissons bien, il a prononcé un bref discours qui rappelait les débuts de l’APA et évoquait son développement.

Pendant toute la durée des Journées, une exposition en treize panneaux a présenté les collections de l’APA par divers exemples judicieusement sélectionnés et mis en scène de manière fort attrayante par la photographe Rachel Paty qui a réalisé les maquettes et coordonné la fabrication finale : ainsi sont montrées la richesse et la variété des documents figurant dans nos dépôts, qui représentent « un trésor et une source remarquable de connaissance de l’expérience humaine, dont la consultation est ouverte à tous ».

La soirée d’ouverture s’est poursuivie avec une séance de lectures, par le groupe APA de Toulouse, de textes déposés par des auteurs évoquant Ambérieu ou sa région.

Lecture des textes ambarrois par le groupe de Toulouse

La soirée de samedi a été consacrée à la présentation du superbe livre au titre qui s’imposait, Chère APA, publié sous la responsabilité d’Elizabeth Legros-Chapuis, avec des contributions de nombreux Apaïstes, et du film magnifiquement réalisé par Martine Bousquet, "L’APA, 30 ans de partage". Tous deux évoquent tous deux la vie de notre association depuis 1992. Ils ont été vivement applaudis par le public, ainsi que la belle initiative de Laurence Santantonios, qui publie dans ses Éditions du Mauconduit (collection Vivre/Écrire) des volumes dont les textes sont tirés des fonds de l’APA.

Présentation des livres par Elizabeth Legros Chapuis et Laurence Santantonios

« Nos écoles »

Le sujet choisi pour les Journées 2022 parlait directement au cœur de chacun et chacune : nous avons toutes et tous passé par les bancs de l’école et beaucoup parmi nous sont ou ont été dans l’enseignement.

Comme l’a souligné Gérald Cahen, modérateur de la table ronde de samedi sur L’école dans l’autobiographie, l’école est pour l’enfant « la porte d’entrée dans la société » qui le marquera sa vie durant, probablement davantage par l’apprentissage social avec les camarades et les professeurs que par les contenus de l’enseignement.
Après deux exposés passionnants de nature historique, celui de Pierre Caspard sur le rôle des précepteurs privés et celui de Marlène Kayen sur un choix de documents déposés au DTA (Deutsches TagebuchArchiv), Chantal Cambronne a présenté dans un vibrant exposé le bilan positif et négatif qu’elle tire des 50 ans passés à l’école, comme élève et étudiante d’abord, puis comme enseignante confrontée au chahut dans ses classes. En l’absence de Pierre Kobel, Bernard Massip a présenté en son nom les textes déposés sur le blog « Grains de sel » entre le 1er mai et le 15 juin 2022 : le nombre de ces textes (68 rédigés par 32 auteurs, 20 femmes et 12 hommes) atteste combien le public se sent concerné par ce sujet. La discussion qui a suivi l’a prouvé également, autant du côté des anciens élèves que des anciens enseignants !

Intervention d’Anne Poiré-Guallino à la table ronde

La table ronde de dimanche a permis d’aborder l’autre versant du thème, L’autobiographie dans l’école. Sous la houlette haute en couleurs d’Anne Poiré-Guallino, qui remplaçait Claudine Krishnan empêchée, trois spécialistes ont traité ce sujet sous différents angles. Vittoria Sofia a présenté l’Université libre de l’autobiographie (Libera Universita dell Aubiografia, LUA) qui se trouve à Anghiari près d’Arezzo (Italie) et collabore étroitement avec la Fondation Archivio Diaristico Nazionale (rappelons que cette Fondation a été créée plusieurs années avant l’APA et a contribué à la réflexion qui a donné naissance à notre association).
Anne Dizerbo a parlé des usages et fonctions de l’autobiographie en cours de scolarité et de formation, tandis qu’Éric Nedelec a expliqué combien le récit autobiographique peut être un soutien pour les personnes concernées par l’illettrisme et en particulier les populations carcérales auprès desquelles il est très engagé. Quant à Anne Poiré-Guallino, elle a présenté avec enthousiasme les travaux (écrits et dessins) réalisés par ses élèves pendant le confinement.

Les ateliers

Les ateliers ont permis aux participants de se réunir en petits groupes, soit autour de thèmes liés à l’éducation, soit pour évoquer par l’écriture les souvenirs sombres ou clairs de leur scolarité.

Pour ma part, comme d’autres Apaïstes, j’ai choisi les ateliers externalisés : l’occasion était idéale pour visiter les nouveaux locaux de l’APA en compagnie de Florian Gallien qui y passait ses derniers jours avant de relever un nouveau défi. C’est avec aisance et conviction - et sur la base d’exemples récents et concrets - qu’il a expliqué le travail que représente l’arrivée de nouveaux documents : contacts avec les donateurs-trices, sondage pour s’assurer qu’il s’agit bien d’autobiographies, premier inventaire et inscription dans les fonds avant l’envoi dans les groupes de lecture, etc. Il nous a fait visiter les dépôts et a répondu avec bonne grâce aux multiples questions posées.

Visite de l’atelier de soieries Bonnet à Jujurieux

Le dimanche matin, je me suis rendue comme une quarantaine de participants aux ateliers des soieries Bonnet à Jujurieux, étonnant « cloître industriel » où ont vécu et travaillé au milieu du XIXème siècle environ 600 jeunes filles entre 12 et 25 ans, bien encadrées par des religieuses de la congrégation de St-Joseph, et bien formées par un patron paternaliste et bienveillant (qui était aussi un homme d’affaires avisé), Claude-Joseph Bonnet. Michel Baur avait présenté la veille dans une « carte blanche » cette entreprise modèle, ce qui nous a permis d’aborder avec toutes les informations nécessaires la visite du musée et des ateliers, sous l’excellente conduite d’une médiatrice aussi enjouée qu’érudite.

Ces Journées animées et fécondes ont rassemblé environ 80 personnes, en grande majorité membres de longue date de l’APA ; il y avait aussi quelques nouvelles recrues qui se sont montrées enthousiasmées par l’atmosphère chaleureuse, amicale et bienveillante de notre association, reflet de la « lecture en sympathie » qui en est l’essence même.

(Photos d’Anné Poiré-Guallino et de Françoise Payen)