L’APA s’intéresse vivement aux actualités de l’autobiographie dans tous les domaines. Et en particulier aux nouvelles parutions : récits autobiographiques, journaux personnels, correspondances, mais aussi toutes les études et essais relatifs à ce genre d’écritures de soi.
La rubrique « Nous avons lu » reflète cet intérêt en présentant des notes de lecture portant sur des parutions récentes, rédigées par des membres de l’APA.
Paul Leuba (1880-1975). De l’enfant placé au notable, autobiographie et microhistoire
Tome 1 : enfance et adolescence
Tome 2 : le temps des responsabilités
Né en 1880, Paul Leuba, l’auteur des mémoires, écrit en 1971 à sa petite-fille Christine : « Quand, il y a 4 ou 5 ans, toi et ta sœur m’avez crié : ‘’ Grand papa, on se réjouit de lire tes mémoires ! ‘’, ce fut pour moi une lueur. Je m’encourageai, pris la résolution, malgré mes 87 ans, de les écrire, mes mémoires, me disant que tu y trouverais le sujet de nouvelles intéressantes à lire ».
De fait, en 1971, P. Leuba en a déjà écrit plusieurs centaines de pages qui ne concernent encore que les vingt-et-unes premières années...
Vivants
"Parler est un besoin, écouter est un art". C’est bien à cette célèbre citation de Johann W. Goethe (1779-1832), tirée de son roman de formation intitulé : Les Années d’apprentissages de Wilhelm Meister que l’on pourrait en effet rattacher Vivants de Francine Wohnlich.
Cela non seulement parce que le jeune homme de Goethe se découvre une vocation d’auteur dramatique, mais parce que l’auteure de Vivants a commencé à écrire pour le théâtre. Ainsi Baptiste et Angèle (2009) adapté et porté à la scène en 2011 au Théâtre Vidy-Lausanne. Dès le mois de juillet 2016 et durant une année, elle va aller à...
Lettre à mon père & Nouvelles
« Père, cher père », cette invocation scande la longue lettre que Leïla Sebbar adresse à son père disparu, à qui elle veut dire combien elle se sent privée d’une part essentielle de son héritage, la langue arabe, et aussi combien elle tient à lui exprimer son admiration et son amour. Être privée de la connaissance de la langue paternelle, c’est une plainte modulée tout au long du livre. Leïla se souvient d’avoir regardé les femmes de sa famille algérienne comme « une petite fille étrangère ».
Elle n’a pas joué avec les enfants du Clos Salambier autour de l’école où enseignait son père...
Tommaso
Comment coïncider avec soi-même
Il m’est venu à l’idée que le cinéma, plus que la littérature peut-être, autrement en tout cas, offre des espaces variés à l’expression autobiographique. Ceci après avoir vu le film d’Abel Ferrara, Tommaso.
L’intention autobiographique n’y est pas exprimée par l’auteur, et c’est par des articles de presse que j’ai appris à quel point la composante autobiographique était importante dans ce film. Le personnage principal, Tommaso donc, interprété par Willem Dafoe (remarquable) est un cinéaste américain, installé en Italie depuis plusieurs années. Il vit à Rome...
Nos années brûlantes, Lettres de Nicolas Boulte (1970-1974)
Avec la retombée des espoirs révolutionnaires, et incapables de faire leur deuil de leurs engagements, de nombreux militants se sont suicidés dans les années 70/80. Nicolas Boulte (1943-1975) est de ceux-là. Après l’échec de la démarche de l’établissement, une fois l’imaginaire révolutionnaire détruit , il a connu le goût amer de la lucidité, et, face aux reniements de ses anciens camarades gauchistes, il n’a plus trouvé en lui ni la force ni l’envie d’un reclassement. « Garde mes lettres, je t’en prie, pour qu’un jour elles témoignent pour moi de la violence infinie de ma passion qui ronge...
Dans la lumière des peintres. une vie avec Bonnard, Matisse, Miro, Chagall...
Né en 1930, Adrien Maeght se décide, pour notre plus grand bonheur à publier ses souvenirs. Dès le préambule, il nous fait partager le discours prononcé par André Malraux à l’inauguration de la Fondation créée par ses parents, Aimé et Marguerite, à Saint-Paul-de-Vence : « Ceci n’est pas un musée... Mais ici est tenté quelque chose qu’on n’a jamais tenté : créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé jadis le surnaturel... Il s’est passé ce soir ici quelque chose dans l...
Le ghetto intérieur
Ce roman est la biographie de Vicente Rosenberg, juif polonais, en huit chapitres et un épilogue autobiographique. Vicente mène une vie d’abord heureuse de marchand de meubles ayant émigré en Argentine, de jeune époux et père, puis une vie marquée par la culpabilité d’avoir laissé sa mère à Varsovie. La culpabilité de s’en être sorti puis de n’avoir pas pu – ou voulu – faire venir sa mère en Argentine finit par avoir raison de Vincente. Tout est vain, vient le silence.
Ce silence est celui dans lequel s’est muré son grand-père, Vicente Rosenberg, juif polonais émigré en Argentine, mais aussi...
Mémoires d’une passante
Annie Sayour a déposé naguère à l’APA les huit cahiers manuscrits de son Journal d’une passante (1955-2005) dont Elisabeth Cépède a rendu compte en 2010 dans le Garde-mémoire n° 9 (GM 9, n°91, APA 2855).
Elle publie aujourd’hui avec les Mémoires d’une passante un récit autobiographique qui couvre, en amont du journal, les souvenirs d’une enfance rebelle mais heureuse et, parallèlement au journal, la carrière professionnelle d’une jeune femme qui a été empêchée par son père de faire comme elle le souhaitait des études de journalisme, mais qui trouve sa voie en devenant libraire à Paris, grâce à...
Le jour où mon père s’est tu
Après avoir vu récemment le film L’établi de Mathias Gokalp d’après le livre de Robert Linhart, j’ai eu envie de lire...le livre de sa fille ! A vrai dire, je redoutais un peu le caractère dogmatique du livre du père, un maoïste « pur et dur », et puis le travail de Virginie Linhart m’intéresse - je pense notamment à son documentaire sur Vincennes. Surtout, je suis née en 1968 : nous sommes de la même génération (Virginie Linhart est née en 66) : la génération des enfants de 68. Et le hasard a fait que Virginie et Pierre, son frère, étaient dans le même collège que moi - le collège François...
Le pays du lieutenant Schreiber
Il se présente ainsi dans une lettre à l’auteur en 2006 : « J’ai 88 ans, obtenu la médaille militaire à Dunkerque et 1940, débarqué le 16 août 1944 à la tête de mon peloton de chars à La Nartelle et terminé en Bavière à la frontière autrichienne, en mais 1945. Je suis aussi commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire. Je suis petit-fils de juifs allemands immigrés en 1877, et fier de m’être battu pour mon beau pays. » Si Makine, académicien, auteur de Cette France qu’on oublie d’aimer , a tenu à lui consacrer un livre, c’est que cette vie atypique, héroïque, n’a d’égale que l’iniquité...