Nous avons lu, nous avons vu...
Retrouvez ici compte-rendus de lecture de livres, de films, d’exposition rédigés par les collaborateurs de La Faute à Rousseau ou tout membre ou ami de l’APA.
N’hésitez pas à nous adresser vos propres contributions.
Derniers articles parus dans la rubrique
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Leïla Sebbar : Dans la chambre
20 janvier 2020, par Françoise Lott
édition Bleu autour, 2019 préface de Michelle Perrot
La chambre, ce sont les femmes qui l’habitent ; chambre brillante par ses mosaïques, ses tapis, ses tissus, qu’on imagine chaude et profonde ; par sa fenêtre, on devine les branches d’un figuier, des grappes de Bougainvillées, on entend le murmure d’une fontaine : c’est cela qu’ont aimé peindre Delacroix ou Guillaumet. Mais il y a aussi la chambre du bordel, et celle de la prison, où est retenue la fille rebelle et meurtrière. Leïla (…) -
Arnaud Genon : Les indices de l’oubli
28 décembre 2019, par Élizabeth Legros Chapuis
Les indices du souvenir
Souvent brefs, les livres d’Arnaud Genon sont intenses, concentrés. Ce dernier opus constitue à la fois une nouvelle pierre dans le mausolée que l’auteur dresse à sa mère, disparue prématurément alors qu’il n’avait que treize ans – il lui a déjà consacré un autre livre, Tu vivras toujours, en 2016 – et une réflexion sur le passage du temps, les fluctuations de l’identité de chacun et la construction des souvenirs.
« Le temps d’une photo, devenir le père de sa (…) -
Acacia Condes : Nos années brûlantes, Lettres de Nicolas Boulte (1970-1974)
13 décembre 2019, par Alice Bséréni
préface Alain Krivine, L’Harmattan 2019
Avec la retombée des espoirs révolutionnaires, et incapables de faire leur deuil de leurs engagements, de nombreux militants se sont suicidés dans les années 70/80. Nicolas Boulte (1943-1975) est de ceux-là. Après l’échec de la démarche de l’établissement, une fois l’imaginaire révolutionnaire détruit , il a connu le goût amer de la lucidité, et, face aux reniements de ses anciens camarades gauchistes, il n’a plus trouvé en lui ni la force ni (…) -
Ludovic Cantais : J’aimerais qu’il reste quelque chose
9 décembre 2019, par Véronique Leroux-Hugon
film documentaire (2019)
Ce souhait est souvent formulé dans l’avant-propos des textes que nous recevons. Ici, il s’agit d’un documentaire, soutenu par le Mémorial de la Shoah, qui décrit la quête inlassable des traces mémorielles, animée chaque mardi par des bénévoles. Ils reçoivent ici des survivants de la Shoah, plus souvent leurs descendants, qui apportent, soit soigneusement classés sous des feuilles plastifiés, soit dans des sacs informes, les écrits et les objets laissés par les (…) -
Marcel Blanchet : Des tranchées de 14 à la table des vivants
26 novembre 2019, par Denis Dabbadie
présenté par Danièle Corre, éd. Edhisto
Toute inondation fait remonter en surface des choses insoupçonnées – notre mémoire aussi connaît ses hautes et ses basses eaux… À la faveur (!) d’une crue de l’Yonne (« l’enfant terrible de la Seine », aimait à rappeler ma grand-mère, originaire de ce pays), Danièle Corre descend dans sa cave sinistrée, et découvre dans un carton tout imbibé, au milieu de vieilles factures et de registres de comptes, « un petit cahier d’écolier à la couverture (…) -
Jean-Pierre Thorn : L’âcre parfum des immortelles
1er novembre 2019, par Roseline Combroux
Film documentaire - 2019
Voici un film qui retrace le parcours d’un homme profondément inscrit dans les luttes ouvrières mais qui est aussi un homme pleurant son « grand amour enseveli » (Joëlle, morte à vingt-cinq ans du paludisme). Les lettres qu’ils se sont échangées rythment le film. Elles sont lues en voix off et porteuses d’un esprit de révolte. Les superbes photos en noir en blanc de Joëlle nue se dispensent de mots, suffisant à exprimer tout leur amour.
« J’ai refusé sa (…) -
Waad-Al-Khataeb : Pour Sama, Journal d’une mère syrienne
14 octobre 2019, par Bernard Massip
Film, 2019
Equipée de son seul téléphone portable puis d’une petite caméra numérique Waad, une jeune syrienne d’Alep, d’abord étudiante puis journaliste s’est mise à filmer autour d’elle, sans idée préconçue d’abord, puis ensuite avec l’idée de documenter les événements historiques comme la vie quotidienne des habitants de sa ville et de contribuer, en diffusant ces reportages en ligne, à faire connaître la situation dramatique des populations. Elle s’attache aussi à consigner sa propre (…) -
Dominique Bona : Mes vies secrètes
1er octobre 2019, par Elisabeth Gillet-Perrot
Gallimard, 2019
Le titre peut surprendre, mais l’autrice (8ème femme académicienne) se déclare plus biographe que romancière. Elle apparaît dans ce livre plus comme biographe que comme autobiographe ; en effet, elle ne nous dévoile de sa vie que ses rencontres avec les auteurs dont elle a écrit les biographies. La plupart étaient déjà morts quand elle a écrit ces ouvrages, sauf Michel Morht au fauteuil duquel elle a ensuite été élue à l’Académie française et qu’elle avait rencontré. Jean (…) -
Adrien Maeght : Dans la lumière des peintres. une vie avec Bonnard, Matisse, Miro, Chagall...
26 septembre 2019, par Elisabeth Gillet-Perrot
Ed. JC Lattès, 2019
Né en 1930, Adrien Maeght se décide, pour notre plus grand bonheur à publier ses souvenirs. Dès le préambule, il nous fait partager le discours prononcé par André Malraux à l’inauguration de la Fondation créée par ses parents, Aimé et Marguerite, à Saint-Paul-de-Vence : « Ceci n’est pas un musée... Mais ici est tenté quelque chose qu’on n’a jamais tenté : créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour l’univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la (…) -
Jean-Bruno Kerisel : L’Empreinte d’un frère. Récit
22 septembre 2019, par Élisabeth Cépède
Pippa Ed, 2019, préface de Patrick de Fontbressin, postface de François Drouilly
Ce récit poignant s’étale sur plus d’une soixantaine d’années et tient constamment le lecteur en haleine. On sent chez Jean-Bruno Kerisel l’urgence de découvrir la vérité vraie sur le suicide imprévisible de Patrick, son frère aîné, à vingt ans, alors que lui-même en avait à peine quinze. Avec Patrick disparaissait son premier objet d’amour, son modèle mais aussi un persécuteur qui se moquait toujours de lui (…)