L’autobiographie en mouvement
Lorsque ce thème a été choisi, nous ignorions que, par une curieuse ironie du sort, la totalité de ce numéro s’écrirait alors que les trois quarts du monde se trouvaient à l’arrêt. Gagnant peu à peu l’Europe et les Amériques, un virus né en hiver dans un lointain Orient a fait de nous, pour de longues semaines, des assignés à résidence d’un nouveau genre. Ce temps, pour beaucoup, a d’abord été celui du choc et de la sidération. Pourtant, il est remarquable (et passionnant) de constater qu’a contrario il a donné un formidable élan à l’écriture personnelle.
Dès les premiers jours, les débats ont fait rage autour des « journaux de confinement » commandés à des écrivains célèbres comme Leïla Slimani ou Marie Darrieussecq : certains n’avaient pas de mots assez durs pour les condamner, d’autres en soulignaient au contraire l’intérêt sociologique, ou trouvaient tout simplement du réconfort dans le partage d’émotions violentes pour lesquelles les mots manquaient. Ainsi l’APA a-t-elle créé un blog dédié pour permettre aux adhérents d’y partager leur quotidien, heureux ou inquiet.
Par ailleurs, nombre d’auteurs, confirmés, amateurs ou en herbe (on pense aux journaux de collégiens dont le journal Le Monde a publié des extraits), nombre de blogueurs ou d’instagrammeurs ont rivalisé d’ingéniosité pour offrir en ligne la transfiguration d’un pan de leur intimité. D’autres ont œuvré en secret, réservant pour plus tard leurs récits, dont la prochaine rentrée littéraire nous offrira sans doute foison. Au grand dam des éditeurs craignant d’ores et déjà la vague (voire le tsunami) des « journaux de confinement »…
Mais, en tous les cas, rarement la question de l’expression autobiographique aura paru aussi cruciale, aussi polémique parfois ; rarement les barrières du dedans et du dehors, de l’intime et du public, auront à ce point vacillé, à l’heure où les caméras des Zoom et autres Skype ont pénétré dans les salons. Ce moment particulier sera, à n’en pas douter, le terreau de nouvelles et fécondes interrogations sur l’autobiographie. En attendant, force est de constater à quel point, dans un moment où la maladie et la mort ont fait irruption avec une brutalité douloureuse dans notre quotidien, l’écriture de soi est restée vivace, foisonnante, résiliente. En un mot, vivante.
Lorsque ce thème a été choisi, nous ignorions que, par une curieuse ironie du sort, la totalité de ce numéro s’écrirait alors que les trois quarts du monde se trouvaient à l’arrêt. Gagnant peu à peu l’Europe et les Amériques, un virus né en hiver dans un lointain Orient a fait de nous, pour de longues semaines, des assignés à résidence d’un nouveau genre. Ce temps, pour beaucoup, a d’abord été celui du choc et de la sidération. Pourtant, il est remarquable (et passionnant) de constater qu’a contrario il a donné un formidable élan à l’écriture personnelle.
Dès les premiers jours, les débats ont fait rage autour des « journaux de confinement » commandés à des écrivains célèbres comme Leïla Slimani ou Marie Darrieussecq : certains n’avaient pas de mots assez durs pour les condamner, d’autres en soulignaient au contraire l’intérêt sociologique, ou trouvaient tout simplement du réconfort dans le partage d’émotions violentes pour lesquelles les mots manquaient. Ainsi l’APA a-t-elle créé un blog dédié pour permettre aux adhérents d’y partager leur quotidien, heureux ou inquiet.
Par ailleurs, nombre d’auteurs, confirmés, amateurs ou en herbe (on pense aux journaux de collégiens dont le journal Le Monde a publié des extraits), nombre de blogueurs ou d’instagrammeurs ont rivalisé d’ingéniosité pour offrir en ligne la transfiguration d’un pan de leur intimité. D’autres ont œuvré en secret, réservant pour plus tard leurs récits, dont la prochaine rentrée littéraire nous offrira sans doute foison. Au grand dam des éditeurs craignant d’ores et déjà la vague (voire le tsunami) des « journaux de confinement »…
Mais, en tous les cas, rarement la question de l’expression autobiographique aura paru aussi cruciale, aussi polémique parfois ; rarement les barrières du dedans et du dehors, de l’intime et du public, auront à ce point vacillé, à l’heure où les caméras des Zoom et autres Skype ont pénétré dans les salons. Ce moment particulier sera, à n’en pas douter, le terreau de nouvelles et fécondes interrogations sur l’autobiographie. En attendant, force est de constater à quel point, dans un moment où la maladie et la mort ont fait irruption avec une brutalité douloureuse dans notre quotidien, l’écriture de soi est restée vivace, foisonnante, résiliente. En un mot, vivante.
L’autobiographie en mouvement 3
Ouverture
Page blanche
- R. Combroux et B. Massip : L’aventure des livres-navettes 4
- L’évènement
- Bernard Massip : Edgar Morin, au miroir de l’autobiographie 8
L’autobiographie en mouvement
Introduction
- Adrien Chassain : L’écriture de soi, pratiques et recherches mêlées 13
Retours
- Philippe Lejeune : Le « Pacte » revisité 16
- Denis Dabbadie : Monologotobio (Éric Chevillard) 18
- Extensions Véronique Montémont : L’autobiographie aux mille visages 19
- Arnaud Genon : De la théorie à la pratique : comment inscrire et écrire le « je » 22
- Graham Woodroffe : En mouvement au quotidien 25
- Elizabeth Legros Chapuis : Le récit transpersonnel, un pas de côté 27
- Gérald Cahen : « Comment je suis devenue photographe », entretien avec Lydia Flem 29
- Sylvie Jouanny : Quand la nouvelle devient autobiographie, entretien avec Marion Dessaules 32
- Adrien Chassain : L’autobiographie partagée d’André Markowicz 35
- Chr. Delory-Momberger : Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche biographique 37
- Emmanuelle Ryser : L’approche narrative au service du récit de vie 39
- Véronique Leroux-Hugon : Vincent de Gaulejac, Dénouer les nœuds sociopsychiques 40
- Gérald Cahen : Le « je » de l’historien (Ivan Jablonka) 42
- Projets Françoise Simonet-Tenant : La construction d’un site, EcriSoi 44
- Édouard Boulon-Cluzel : « Je forme une entreprise... » 46
Fonds APA
- Jacqueline Chebrou ou le désir d’œuvre, présenté par Catherine Soudé 49
- Dépôts reçus à l’APA, janvier-mars 2020 60
Chroniques
- Michel Braud : Amiel & Co, diaristes suisses (Les Moments littéraires) 62
- E. Legros Chapuis : L’Alexandrie de Pénélope Delta 64
- Véronique Leroux-Hugon : Virginie Linhart, L’Effet maternel 65
- Sylvie Jouanny : Marion Dessaules, Une enfance aux éclats 67
- Hélène Gestern : Chr. Delory-Momberger, Exils/Réminiscences 69
- Elizabeth Legros Chapuis : Rousseau/Casanova, lectures croisées 72
- Elizabeth Legros Chapuis : Hélène Gestern, Armen Lubin 74
- Véronique Leroux-Hugon : Ruth Zylberstein, 209, rue Saint-Maur 76
- Isabelle Valeyre : Constance Debré, Love me tender 78
- Hélène Gestern : Vivienne de Watteville, Une île sans pareille 80
Vie de l’association
- Bernard Massip : L’APA confinée mais bien vivante 82
- Un blog pour les journaux de confinement 83
- Monique Bauer : Julieta Solis, 1939-2020 84
- Publications APA 84